Timbre

 

Comment un petit mot comac peut-il signifier à la fois « cloche immobile et sans battant frappée par un marteau », « membrane inférieure d’un tambour », « qualité spécifique d’un son, indépendante de la hauteur, de la durée et de l’intensité » et « marque, cachet ou vignette correspondant au paiement d’une taxe » ? C’est à en perdre une dent.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Non seulement on le met à toutes les sauces mais timbre en redemande. Il s’affiche même au bras d’un paquet de substantifs : timbre-poste, timbre-amende, timbre-quittance, timbre-escompte, timbre-prime, timbre-test…
Vous aussi, chez vous, amusez-vous à créer de toutes pièces vos propres timbres : timbre-wagon, timbre-brouette, timbre-château de la Loire, timbre-raton laveur. Des séances de poilade à n’en plus finir.

On va jusqu’à recenser un tambour médiéval sous le nom de tinbre. Voire, début XVIIe, un « cerveau » au sens figuré :

ma femme a le tymbre mal sain.

 

Mais d’où viennent tous ces timbres ? Et pourquoi les philatélistes, comme leur nom ne l’indique pas, en sont-ils timbrés ?

 

Devinerez jamais.

Timbre n’est autre que l’altération de timbne, issu du grec ancien túmpanon, « tambour ». Quand on sait que les Latins l’écrivent tympanum et que l’instrument a gardé ce blase comme ses descendants directs (« timbales » = timpani en rital), on saisit mieux pourquoi le tympan est une membrane, que les Anglais traduisent du reste par eardrum.

 

Profitons-en pour disséquer délicatement philatélie, formé en 1864 sur philos (« ami ») et atélia (« affranchissement »), l’inverse de telos (« taxe »).

Les grands malades adeptes des carnets de timbres rares à la Poste sont donc littéralement des « ennemis de l’impôt ». Lançons-leur le fisc aux fesses, ça aèrera la file.

Merci de votre attention.