Rien ne nous rend plus jouasse que de « faire un strike ». Moins par plaisir de tout envoyer valdinguer que pour le mot, qui n’a cours qu’au jeu de quilles. Lequel se dit plutôt bowling en VO. Point de vue de la victime/point de vue de l’agresseur.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Rappelons que la gent anglo-saxonne entend bien des choses par strike : le « coup » de boutoir proprement dit, associé à son verbe to strike et encore plus « frappant », à l’épithète striking. Mais aussi un « raid » aérien ou une « grève ».
Ce dernier sens date de 1768, époque où, pour protester contre leurs conditions de travail, les ouvriers décident de « laisser en plan » leurs outils. A moins qu’on ne le doive aux marins « baissant » pavillon pour éviter de prendre la mer.
Quoi qu’il en soit, le vieil anglais strican avait déjà commencé à « frotter, presser », via le proto-germanique strikan- issu de l’indo-européen streig- de même sens. De streak (« rayure ») à stroke (« coup ») en passant par strain (« serrer »), ce radical fait des émules en anglais. On peut parler, nous, avec nos restreindre, étreindre et contraindre.
Par néologisme (et aussi par paresse, ce qui revient au même), on peut désormais striker en toute impunité. Hors de tout contexte, strike est donc alternativement nom, première ou troisième personne du singulier du présent de l’indicatif ou du subjonctif :
attention, je strike ;
pourvu qu’il strike
ou, plus laconique, deuxième personne du singulier de l’impératif :
Strike !
De même, au tennis, il n’est pas rare de se faire breaker. Ç’a sans doute plus de gueule que de « faire le break ».
Du moins jusqu’à ce qu’on commence à conjuguer :
elle breaka d’entrée ;
nous breakerions si nous en avions les moyens ;
encore fallait-il que vous débreakassiez.
Merci de votre attention.