Anti-âge

 

Demander son âge à quelqu’une passe pour le comble de la muflerie. S’il s’agit de quelqu’un, tout rebaigne. Encore un mystère qui n’a pas fini de nous lanciner.
Pourtant, on n’est pas des perdreaux de l’année.
Poil aux nénés.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Ne pas parler d’argent, passe encore ; la question n’a aucun intérêt. Mais d’âge ? De surcroît, vu la courbe de l’espérance de vie, un faciès de sexagénaire femelle ne fait plus flipper comme naguère lorsqu’il allait du flapi au fripé.

On comprend à la rigueur le tabou des kilos, savamment entretenu par un vocabulaire choisi. D’ailleurs, à moins de n’avoir strictement rien d’autre à foutre, on ne joue jamais aux devinettes avec le poids des dames.

Par contre, avec l’âge, qu’est-ce qu’on rigole ! Le passer sous silence permet tous les pronostics. Et accessoirement de s’étriper avec autrui, qui, faute d’informations précises, ne donnera jamais à Untel le même que vous. Si bien qu’une fois l’âge divulgué, les opinions continueront de diverger quant à savoir s’« il les fait » ou si « la vache, il les fait pas mais jamais de la vie ».

 

Evoquer l’âge du capitaine induit donc ce type de médisances. Est-ce pour cette raison que les hypocrites gens bien élevés tournent de l’œil à cette idée ? Ou y aurait-il pour les gonzesses, plus que pour les zhommes, matière à rougir du nombre d’années au compteur ?
C’est ainsi : de même que les princesses ne font pas caca, elles n’ont pas d’âge – communicable, du moins.

C’est ce que toute la cosmétique tente de leur inculquer à grands coups de « révolution anti-âge » dans la gueule. Notez comment le concept, qui jouait jusque-là sur l’« anti-vieillissement », a bifurqué en douce à la faveur d’une patte d’oie. Prochaine étape : « anti-vie » et c’en sera fini.

 

On peut être coquet(te). Mais croire à cette histoire d’anti-âge, c’est nier sa finitude. On a les religions qu’on peut.
Le budget de celle-ci règlerait le problème de la faim dans le monde, à défaut de celui du temps qui passe.

Merci de votre attention.

 

Cosmos

 

Face à l’immensité du cosmos, le prononcer au choix « caussemausse » (en signe de déférence), « cossemosse » (à la Hubert Reeves), « cossemausse » ou « caussemosse » (si l’on n’est pas sûr). Ou encore « Cosmo’s factory » si l’on suit la palpitante enquête de notre ami Bob.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Pas plus vieux que le cosmos. Et pour cause ! Il est donc assez fendard de constater qu’il n’acquiert ses lettres de noblesse qu’en 1847. Désignant alors l’« univers », le cosmos devient l’« espace intersidéral » juste avant la conquête de la Lune.
Chipotage quand tu nous tiens : quelle différence entre l’univers et l’espace, je vous le demande.
Pire encore, entre espace et espace intersidéral qui ne signifie rien d’autre qu’« entre les astres » hein grmbll.

 

Le grec – car c’était lui – a mis au point non seulement kosmos pour dire « bon ordre, arrangement ordonné, monde, univers » mais aussi le verbe kosmein (« ordonner » [une armée]).

Cette idée d’« ordre » a prévalu jusqu’à parer kosmos du sens de « parure, ornement ».

Mais alors, y a-t-il un rapport, comme vous n’osez le croire depuis le début, avec cosmétique ? Aaabsolument. Le fait que kosmêtês (« ordonnateur, arrangeur ») devienne à Rome l’« esclave chargé de la parure, du maquillage » n’est pas le moins du monde tiré par les cheveux, mes neveux.

 

A propos, citons les cousins de cosmos : Microcosmos version bousier, Mikrokosmos version Bartók, microcosme version francisée, macrocosme version snob.

Sans oublier le cosmopolite « citoyen du monde ».

 

Quant aux conseils beauté du dernier Cosmo, filles du sexe féminin, permettez-nous de lever les yeux au ciel.

Merci de votre attention.