Comment pleurer sans oignons ?

 

Moment redouté, on vous somme de pleurer sur commande. Or, malgré tous vos efforts pour penser à quelque chose de triste (à vous en faire péter mirettes et méninges), rien ne vient. Le désert lacrymal.

A défaut de sentiments assez forts pour vous submerger là tout de suite, un oignon dépannerait certainement.

Hélas, pas l’ombre d’un à l’horizon ; d’échalotes, encore moins. Surtout dans le risotto, c’est quand même pas pareil. Quant aux gousses d’ail, elles ne vous seraient d’aucun secours, si ce n’est pour éloigner le mauvais œil ou les indésirables ; en d’autres circonstances peut-être.

 

De même qu’un kebab sans oignons paraît incongru (et pourquoi pas sans viande ou sans pain ?), larmoyer sans l’aide du bulbe salvateur ne va pas de soi.

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Or donc, quelle attitude adopter ?
Réagissez en chialeur civilisé.
Plusieurs options s’offrent à vous :

 

♦  Alors quoi ? La simple idée d’être à court d’oignons ne vous tire pas des larmes, à vous ?

 

♦  Dites-vous qu’il vaut mieux pas d’oignon du tout qu’un oignon génétiquement modifié n’irritant plus l’œil. Si ça n’est pas à pleurer, ça.

 

♦  Profitez de la conjonctivite du petit dernier, si toutefois elle est contagieuse.

 

♦  D’autres formes de torture existent : le crissement du polystyrène, les plateaux de TF1, une radio jeunes en boucle, l’intégrale de Jean-Michel Jarre… Aussi radical que les enzymes.

 

♦  Déguisez-vous en madeleine.

 

Flegme et dignité, montrez de quel bois vous vous chauffez.

 

Il est 20h ?

 

Honnir les journalistes est devenu un sport national. Certains s’entraînent tous les jours. Etrangement, ceux-là sont les plus prompts à causer en –ismes, tout en reprochant aux médias leur tendance à la simplification, au manque d’objectivité, à « ne pas dire la vérité ».
Les copains, c’est touchant de scruter le fond comme vous faites. Mais c’est pas la peine. Soyez à vos postes à 20h tapantes : le journal est déjà commencé.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Il est 20h, bonsoir à t…

Stooooop-top-top-top.
Premier mensonge : il est diçneuf heures cinquante-huit. L’homme-tronc nous l’assène pourtant droit dans les yeux et, jusqu’à preuve du contraire, les fuseaux horaires concordent. Trafiquer le chrono au vu et au su de millions de gens venus sur la confiance, juste pour enquiquiner la concurrence qui en est au même point, si c’est pas misérable, ça.

Depuis que les deux chaînes en haut à gauche de la télécommande pédalent dans cette surenchère de cour de récré, à raison de deux minutes par édition, calculez le temps qu’elles nous ont déjà mis dans la vue. Vous avez deux minutes.

Le pire, c’est que les intéressées y croient vraiment, à c’t’histoire ! Un docu édifiant sur les coulisses du JT, tout frais pondu par France 4, file des haut-le-cœur à ce sujet. Tel invité se décommande in extremis ? Toujours moins grave que de lancer le générique après l’Ennemi. Comme il y a des électeurs indécis, des mous de la zappette s’amuseraient donc à papillonner d’une chaîne à l’autre aux alentours de 20h pour se fixer sur le premier journal qui démarre. C’est non seulement nous prendre pour des mouches, mais également se planter dans les grandes largeurs sur nos habitudes : on ne change pas de grand-messe comme de slip.
Journaleux, faites pas les étonnés si l’on accueille vos dires avec circonspection.

 

Mollo quand même avec la relativité d’Albert. Sans quoi la trombine du prochain président s’affichera à 19h57. Remarquez, ça 1) évitera de meubler, 2) détendra tout le monde, 3) permettra de lever plus tôt un suspense depuis longtemps éventé dans les états-majors et sur les rézosocios (via la Belgique). Pis surtout 4) niqués, ceux d’en face !
Et à la St-Sylvestre, plus de décompte. A quoi bon trépigner jusqu’à minuit quand on peut se souhaiter bonne année, c’est la bonne annééééée à 23h56 ? Beuh alors, kif-kif bourricot !

 

Avant l’heure, c’est pas l’heure. Quiconque dézingue une lapalissade pareille est un fou ou un éjaculateur précoce.

Marche exactement pareil à 13h, moins avec le journal de la nuit, dont la case est plus flottante. A tel point que la grille de rentrée à venir menace de le saborder.

Bonsoir, merci de votre attention.