« Bon courage »

 

L’existence n’est qu’un immense Fort Boyard. Sans ça, on ne se souhaiterait pas « bon courage » au moment de prendre congé. La formule devient si envahissante qu’elle éliminera bientôt « bonne journée ». De cette dernière ou de la fosse aux lions, on ne sait laquelle requiert le plus de courage.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

A l’inverse de « bonne journée », qu’on ne peut remplacer par « journée », « bon courage » signifie rien moins que « courage ».

Pour avoir déjà trituré le mot, on sait que, plus que de tripes ou de khoûilles, le courageux doit faire preuve de cœur.
C’est dire si la notion est dévoyée dans notre expression du jour.

 

En la prenant au pied de la lettre (et on ne sache pas qu’il faille la prendre autrement), l’on sous-entend donc un péril à affronter. On voudrait vous rappeler votre sort peu enviable qu’on ne s’y prendrait pas autrement.

Bon courage.

Pourquoi pas

bonne chance

ou

sincères condoléances ?

 

« Bon courage » permet de montrer toute sa compassion face à l’adversité. Mais c’est surtout le signe d’une résignation partagée. On n’y coupera pas, serrons-nous bien les coudes.

Que répondre à ça ?

Merci,

pour ne pas paraître malpoli.

Et même :

vous aussi,

la vie n’étant une partie de rigolade pour personne allez.

 

Au prochain « bon courage », un peu de courage : envoyez bouler l’interlocuteur.

Merci de votre attention.

 

Que faire lorsqu’on est juché sur les épaules de son papa ?

 

Redescendre.

 

Et au milieu roule une civière

 

Difficile de les éviter, réglons aujourd’hui leur compte à ceux qui circulent au milieu. Leur inertie, nous sommes d’accord, est à la limite du supportable. Puisqu’eux-mêmes n’en prendront pas l’inititative, qu’on les déporte une fois pour toutes.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Pas un tronçon de réseau autoroutier où ne sévissent ces gugusses. Alors que sur une deux-voies, j’en connais qui feraient nettement moins caguer leur monde sur la voie du milieu – pour ne pas dire plus du tout.
Sans doute croient-ils ainsi se mettre à l’abri de la rambarde de sécurité à hauteur d’œil gauche et des bandes crénelées tout à droite (celles qui font ta-pôm ta-pôm pour éviter de foncer nuitamment dans le décor). Soit au passage, deux trucs pensés précisément pour leur sécurité.
Ce faisant, mesurent-ils à quel point ils perturbent la fluidité du trafic ?

Puisque ces imbéciles heureux ont, contre toute vraisemblance, obtenu leur papier rose, on ne rappellera pas ce que préconise le code de la route : rouler sur la voie la plus à droite, à moins d’aller plus vite que son prochain. C’est pas pour embêter, c’est du bon sens.
Emprunter la voie du milieu ne peut servir qu’à dépasser vos congénères de droite, tandis qu’on vous doublera par la gauche avec force clignotants, distance et autres marques de civisme dignes d’un citoyen exemplaire.
Mais si vous vous y traînez à moindre vitesse qu’un gars surgissant de l’arrière (et de la droite, car il sera, lui, dans son bon droit), le pauvre ne saura plus comment vous contourner, jouera du klaxon avec force admonestations, doigts d’honneur et autres marques d’autorité dignes d’un automobiliste qui mérite son permis.

 

Anecdotique ? La SANEF, qui chapeaute les autoroutes de France, a fait l’expérience. L’an dernier, elle s’est amusée à filmer 23 000 bagnoles par jour pendant une semaine entre Caen et Paris.
Résultat des courses : un tiers de khônnards s’assoient sur les règles de sécurité élémentaires, notamment l’utilisation des voies, ce qui entraîne 7 % des accidents mortels.

Et si vous avez la chance d’échapper à cette statistique, les rouleurs du milieu restent un fléau indirect. Avez-vous songé avec quelle irritation vous les doublez, dans quel état second vous vous rabattez (de droite à gauche donc, ce qui, à moins d’avoir du sang anglais in the veins, s’avère physiologiquement déstabilisant) et quelle dangereuse inattention vous guette pour le reste du trajet ?

 

De guerre lasse, vous pouvez toujours laisser le volant et rejoindre le flot des piétons. Vous constaterez qu’un mal similaire ronge ceux qui s’arrêtent en plein milieu du trottoir (généralement en cause, un jeu de grattage) ou dont la démarche et la trajectoire en monopolisent – c’est à peine croyable – toute la largeur.
Il ne vous restera plus qu’à marcher au milieu de la route.

Merci de votre attention.