On ne prend jamais le temps de rien. Surtout pas de s’arrêter sur cette expression. C’est dire à quel point nous sommes speed.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Bricoler un nom en adjectif devient semble-t-il un sport national. Car selon le théorème de Harrap’s maintes fois vérifié, speed = vitesse. « Etre speed » équivaut donc à « être vitesse », ce qui laisse rêveur.
On vous voit venir avec des contre-exemples savamment fourbis. Et « être colère » ? Etre s’acoquine bien avec un nom. Sauf qu’on est là dans le registre soutenu, quand « être speed » patauge dans l’oralité. Où, c’est bien connu, la grammaire peut aller se faire voir ailleurs. Speed joue donc les épithètes, au même titre qu’absurde.
Or, le seul adjectif qui vaille, quoi qu’il en coûte (une syllabe supplémentaire, autant dire la fin du monde), est speedy. On en recense au moins deux cas :
Speedy Gonzales
et le pressant
Vaaaaaaaaaaa donc, va donc chez Speedy (Speedy).
Voilà pourquoi on ne se risque jamais à « être speedy » ; y’a des limites.
D’ailleurs, un dernier scrupule nous pousse parfois à remettre en selle le substantif. Qui n’a jamais eu un « coup de speed » ?
Il y a aussi que nous sommes secrètement jaloux de la perfide Albion et de son verbe to speed, « aller à toute vitesse ». Nous autres en sommes réduits à « speeder » comme des malades. Si c’est pas à pleurer.
Est-ce à dire que speed comblerait un manque et qu’on n’aurait pas d’équivalent en french ? Voyons ça.
« Etre rapide », proche de la traduction littérale, ne convient pas. C’est une qualité, non un état de stress.
« Etre pressé » ? En dessous de la vérité : quiconque « est speed » a tendance à l’être toujours.
Pourquoi pas « pas l’temps », véritable sens d’« être speed » ? Ce serait plus correct. Pour ceux qui vous les brisent comme pour la grammaire.
Merci de votre attention.