Denrée

 

Sur le plan graphique, denrée est une denrée rare. L’un des quelques spécimens dont le n jouxte le r, avec quelques verbes en enr- et une paire d’adjectifs en inr-. Sans oublier Henri Leconte et John McEnroe qui, pour se donner un genre, enrageaient lorsqu’elle était inratable.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Sur le plan de l’étymo, denrée n’est autre que la contraction de denerée, soit la « valeur d’un denier » dans les eaux de 1160. Cuiller → cuillerée, denier → den(e)rée, jusque-là, rien de drôle.

Au risque d’en décevoir certains, ce qu’on pourrait se mettre sous la dent n’est denrée que par pure coïncidence (quoique la valeur d’une dent se trouve être celle d’un denier après le passage de la petite souris)…

 

Tel le numismate, scrutons donc le denier.

On apprendra que celui-ci valait au départ dix pièces de monnaie romaine. Dix d’où dener, son petit nom vers 1100, où le taux de change était déjà de douze pour un sou. Treize étrange.

Et dinar ? Affirmatif, c’est bien le cousin nord-africain de denier, via le latin denarius forgé sur le distributif de decem deni, « dix par dix ».

 

Sautons les siècles quatre à quatre et arrivons-en à cette autre acception de denier datant de 1256 : « mesure de poids ». Comme pour la livre, le poids, c’est de l’argent (et réciproquement).

Il n’en fallait donc pas bésef pour qu’une denrée devînt par extension une marchandise plus ou moins périssable.

 

Confirmation éclatante qu’un dener c’est un peu lourd, surtout vite avalé.

Merci de votre attention.