Voisin

 

Officiellement

personne ou chose qui se trouve à proximité,

dans les faits

être dont le comportement défie l’entendement

et à ce titre promis au goulag, réglons son compte aujourd’hui au voisin. Ça va être sa fête.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

On ne s’attardera guère sur les voisins de bus, de table ou de chambrée qui, plus ou moins choisis, se distinguent par là du véritable voisin, lequel n’a aucunement besoin de complément du nom. Manquerait plus que ça, il entache déjà votre rue.

D’ailleurs, dans voisin, que voit-on ? Voie. Voyez-vous ça.

 

Veisin se pointe vers 1140 pour sortir entièrement du bois quelque quarante balais plus tard dans l’explicite « felon voisin ». La notion de « proximité », déjà à l’œuvre dans le verbe avoisiner*, se blottit dans l’adjectif voisin au sens de « ressemblant ». Ressembler à son voisin, on n’est pas à un paradoxe près.

Le nom, lui, pourrit le présent au point qu’on en oublierait presque qu’il a un passé : vicinus en latin classique, altéré en vecinus chez les prolos. On sait maintenant comment nos chemins vicinaux sont sortis de terre.

Et ce vicinus, où crèche-t-il ? Fort logiquement dans un vicus : « localité, village » aussi bien que « rue », « quartier » ou « domaine ». En grec, oîkos signifie-t-il pas « maison » ? Dites pas que vous le saviez pas, vous venez de faire l’oîkonomia d’une autre étymo (et profitez du temps économisé pour vous occuper de la maison, tiens).
Petites sœur et cousine de vicus : villa et via. Z’étiez mis sur la voie, c’était facile.

 

Roch Voisine, quand bien même ce serait son vrai blase, reste incompréhensible.

Merci de votre attention.

 

* Outre voisinage, le substantif voisignition fut un temps envisagé avant qu’on ne se rende à l’évidence : endiguer l’afflux de nouveaux voisins remplaçant les anciens partis en fumée est tout bonnement impossible.