On vous entend peu vitupérer contre la confusion écrite, voire orale, entre « bah » et « ben ». Sans doute trempiez-vous dans cette infamie vous-même. Heureusement, il n’est jamais trop tard pour ben faire.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Digne d’une république bananière, le taux de ceusses qui commettent la bourde défie le bon sens. Si vous doutiez du fait que bon nombre de billes ne bitent rien à ce qui leur tombe du Bic, en voici une preuve. Car à chaque bah que vous bavez, votre caboche vous dicte en réalité le sens de ben. C’est là que le bât blesse.
Révisons le ba-be-bi-bo-bu : l’interjection bah ne traduit que le haussement d’épaules, l’indifférence en trois lettres. On ne relativise pas mieux qu’avec bah :
Bah, on en a vu d’autres.
Ben s’en distingue sur tous les plans. En tant que diminutif populaire de bien, le p’tiot est vite devenu une marque de ponctuation parlée, une prise d’élan pour gagner du temps au même titre que répéter la question ou que l’intempestif « en fait ». Le plus ébaubi « eh bé », né par plaisir de l’assonance, n’est qu’une autre déformation de bien.
Eh les mecs ! La seule présence de eh suffirait à dissuader la plupart des tenants de bah.
On peut remplacer
Eh ben
par
Eh bien,
sûrement pas par
Eh bah
ou alors y’a plus de débat.
Partisanes du moindre effort, nos bouches par trop bées ont trouvé le moyen d’altérer le [ɛ̃] de ben en [a]. Prononçant bas et pas bain, nous l’avons écrit bah. Pas bien !
Le premier qui ose soutenir le contraire aura la bastonnade. Eh ben il l’aura pas volée.
Merci de votre attention.