Cet honneur échoit bien sûr au plus fou d’entre les fous. Et vous l’êtes assurément, car il faut être fou pour penser que les fous auraient besoin d’un chef, désigné dans les règles de l’art qui plus est.
Les fous n’en font qu’à leur tête, n’écoutent que leur folie. Il n’y a pas plus anar que les fous.
Et puis reste à voir sur quel programme vous faire élire. Les fous n’attendent pas d’un chef qu’il les ramène à la raison, puisque c’est le chef des fous.
Sans parler des irrégularités susceptibles d’entacher le scrutin. Comment tenir compte de ceux qui grimpent aux isoloirs, mangent leur bulletin de vote avec de la moutarde et recrachent le tout dans les cheveux des assesseurs ? Ou, plus fou encore, ne se déplacent pas aux urnes ?
Or donc, quelle attitude adopter ?
Réagissez en candidat civilisé.
Plusieurs options s’offrent à vous :
♦ Pour être sûr d’obtenir le suffrage de tous les fous, promettez-leur des trucs de fous : zéro fou dans la rue avant la fin de l’année, égalité fous/folles et bien sûr, rumba obligatoire avec le personnel soignant.
♦ Au diable l’élection. Inspirez-vous des grandes figures historiques et proclamez-vous empereur des fous. On parlera encore de vous dans deux cents ans.
♦ Flattez les bas instincts des fous. Puisqu’il faut toujours un bouc émissaire, déclarez la guerre aux ennemis jurés de votre communauté que sont les sains d’esprit.
♦ Les fous n’aspirent qu’à une chose : un asile tout neuf. Agrandissez l’ancien et poussez les murs. Plus on est de fous, plus on rit.
Flegme et dignité, montrez de quel bois vous vous chauffez.