Le mot du jour est une pièce unique. D’ailleurs, essayez de lui trouver un synonyme, vous aurez toutes les chances de revenir bredouilles.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Impossible d’arriver à la cheville de bredouille. Il faut déjà avoir recours à « sans rien » pour approcher du concept. Et encore, à condition que revenir soit de la partie. Car se présenter sans ses affaires ne veut pas dire pour autant être bredouille.
Autre particularité de l’adjectif : sa terminaison rigolote, d’ordinaire dévolue aux noms : bouille, fouille, nouille, chatouille, dépouille, embrouille, fripouille, ratatouille, plus deux ou trois mots sous la ceinture aptes à faire rire les pedzouilles.
Le verbe bredouiller achève de nous plonger dans la perplexité. Quel rapport entre une élocution difficile et l’infructueux bredouille ? L’embarras, les cocos.
On se disait aussi, bredouille n’est pas une vraie épithète. Avant que le trictrac ou les dominos ne passent de mode, « avoir la bredouille » et, pire encore, « marquer bredouille » revenait à rafler la mise sans laisser un point aux autres joueurs. D’où « perdre la partie bredouille » puis « être bredouille », un peu comme « être capot » à la belote.
Par extension, au milieu du XVIIe siècle, se faire « mettre en bredouille », c’est perdre tous ses moyens. Il n’en faut pas plus pour rendre bredouille « celuy qui beguaye ».
De son côté, bredouiller n’a pas attendu bredouille pour descendre de bredeler, lointainement inspiré du brittus d’Armorique dont le patois indistinct déroutait l’envahisseur romain.
Si on vous demande d’où vient britt-os, vous pourrez toujours bredouiller que son origine se perd dans la nuit des temps celtes.
Merci de votre attention.