Un flic en planque ou un militaire épiant sa cible informera le collègue en ces termes :
je l’ai en visuel.
Arrêtons-nous un instant sur cette phrase.
Vous l’avez en visuel ?
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Si c’est une question d’adrénaline, que les zigotos ci-dessus se détrompent : il n’y a pas moins de suspense dans
je le vois
ou
je l’ai dans mon champ de vision
si on n’aime pas « ligne de mire ».
Dans la même logique, pourquoi pas
je l’ai en auditif
au lieu de
j’entends quelque chose
ou
je l’ai en olfactif
à l’approche du baeckeoffe ?
Passé le moment de poilade, la compassion reprend le dessus. Dans les corps de métier où l’on s’ennuie ferme, inventer ce genre d’expressions est un passe-temps comme un autre.
Au deuxième degré, certaines ont carrément les honneurs du langage courant :
affirmatif/négatif ;
reçu 5 sur 5.
Quant à l’inénarrable
arriver sur zone,
il est en partie responsable de la surenchère de sur qu’on connaît.
Pour se distinguer des autres moutons, pas trente-six solutions : se mettre en scène. L’uniforme et le jargon sont là pour ça.
Merci de votre attention.