Juger son prochain permet de se placer confortablement de l’autre côté de la barrière.
Si un olibrius a le malheur d’« être space », de quelle barrière parle-t-on ?
L’atmosphère.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Plus encore que son homologue « être speed », « être space » est sur toutes les lèvres. « Etre à l’ouest » ne lui arrive pas à la cheville. Pas plus qu’« être dans la lune », qui implique de « planer » sans nécessairement « être perché » (autre ersatz en vogue).
« Etre space », c’est donc être « hors d’atteinte » et pour tout dire « dans son monde ». N’est-ce pas le cas de tout le monde ?
Car, à l’instar d’« être speed », space tente de se faire un nom en tant qu’adjectif alors que c’est l’inverse. Vos rudiments d’anglais et de NASA vous le confirmeront, space ne renvoie ni à spacieux ni à spatial, encore moins à espacé mais bien à l’espace. Au-dessus de nos têtes en l’espèce.
Son étrangeté, l’individu « space » la doit donc au fait de flotter en apesanteur, ce qui lui confère une supériorité indéniable.
Oui, tout ça, c’est de la jalousie mal placée.
Mais alors, pourquoi pas « être dans l’espace » ou – si l’on escompte absolument se la jouer – « in the space », histoire de ne pas larguer tous les éléments de la fusée en route ?
Sans compter la réputation faite aux astronautes, dont l’importance de la mission exige d’avoir les deux pieds sur terre. Là-haut, pas question d’« être space ».
Les poteaux, si l’on emploie space dans ce sens et comme épithète, c’est pitêt qu’on pense en réalité à spécial. « Etre spécial », voilà rigoureusement la définition d’« être space ».
Et puisque nous sommes infoutus de créer des expressions sans recourir à des paronymies de bas étage, en voici d’autres :
être blue (ébloui) / être punk (ponctuel) / être freak (friqué)…
Plus c’est space, plus ça passe.
Merci de votre attention.