Etre né sous une bonne étoile

 

Tandis que les zorientaux pataugent dans leur karma, on peut se targuer d’« être né sous une bonne étoile ». Ce qui implique de voir le jour la nuit (cherchez pas), pile sous une étoile en particulier (et si la sage-femme est dans l’axe ?). Mais aussi le fait que l’astre et nous sommes pieds et poings liés. Qu’elle luit à notre intention, en clair. Ça, pour un coup de chance.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Si bonnes étoiles il y a, réservées à quelques veinards congénitaux, on suppose qu’a contrario les mauvaises pullulent. Dans ce cas, on plaint les poissards concernés. Non parce que le sort s’acharnerait sur eux mais parce que ça les arrange de le penser. Tout se décide en haut lieu, nous comptons pour du beurre ; on a déjà eu l’occase de pleurer là-dessus à gorge déployée.

 

Fées penchées sur le berceau, chance qui sourit, anges gardiens, même combat : faut toujours qu’une émanation du Destin veille sur nous, aussi inatteignable qu’Alpha du Centaure.
Encore faut-il que cette-ci soit une bonne étoile.
M’enfin c’est la plus proche, elle a sûrement un bon fond.

 

Mais alors, quand nous décidons de « dormir à la belle étoile », il s’agit sûrement de la même ! Confondriez pas avec le « clair de lune » par hasard ? N’importe quel campeur vous le confirmera, ce qu’il y a d’agréable à piquer du nez sous la Voie lactée, c’est précisément de ne plus savoir où donner de la tête.

Car quoi ? Nous naissons tous sous la totalité des étoiles visibles. Croire qu’une d’entre elles se trouverait là, à l’heure dite, à seule fin de nous offrir une vie à la coule sur un plateau, c’est omettre le fait qu’elle et toute la clique sont autant de soleils (parfois mille fois plus épais que le nôtre) qui font rien qu’à frire toute la journée sans se soucier du qu’en-dira-t-on.

 

Certains se réjouissent d’« être né sous une bonne étoile » comme de « manger à la bonne franquette » ou « boire à la bonne vôtre ».
Secouons-les façon prunier, histoire de terminer sur des « bonnes vibrations ».

Merci de votre attention.

 

Cosmos

 

Face à l’immensité du cosmos, le prononcer au choix « caussemausse » (en signe de déférence), « cossemosse » (à la Hubert Reeves), « cossemausse » ou « caussemosse » (si l’on n’est pas sûr). Ou encore « Cosmo’s factory » si l’on suit la palpitante enquête de notre ami Bob.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Pas plus vieux que le cosmos. Et pour cause ! Il est donc assez fendard de constater qu’il n’acquiert ses lettres de noblesse qu’en 1847. Désignant alors l’« univers », le cosmos devient l’« espace intersidéral » juste avant la conquête de la Lune.
Chipotage quand tu nous tiens : quelle différence entre l’univers et l’espace, je vous le demande.
Pire encore, entre espace et espace intersidéral qui ne signifie rien d’autre qu’« entre les astres » hein grmbll.

 

Le grec – car c’était lui – a mis au point non seulement kosmos pour dire « bon ordre, arrangement ordonné, monde, univers » mais aussi le verbe kosmein (« ordonner » [une armée]).

Cette idée d’« ordre » a prévalu jusqu’à parer kosmos du sens de « parure, ornement ».

Mais alors, y a-t-il un rapport, comme vous n’osez le croire depuis le début, avec cosmétique ? Aaabsolument. Le fait que kosmêtês (« ordonnateur, arrangeur ») devienne à Rome l’« esclave chargé de la parure, du maquillage » n’est pas le moins du monde tiré par les cheveux, mes neveux.

 

A propos, citons les cousins de cosmos : Microcosmos version bousier, Mikrokosmos version Bartók, microcosme version francisée, macrocosme version snob.

Sans oublier le cosmopolite « citoyen du monde ».

 

Quant aux conseils beauté du dernier Cosmo, filles du sexe féminin, permettez-nous de lever les yeux au ciel.

Merci de votre attention.

 

Restaurant

 

« Cocorico », fait le coq avant de finir au vin. Aucun doute : nous sommes le peuple de la gastronomie. C’est bien simple, on ne compte plus les estrangers nous ayant subtilisé le mot restaurant. A commencer par les anglophones ; et, quand on connaît leur bouffe, on conçoit que les drôles aient tout misé sur l’enseigne. « Fast-food » (où l’on mange mal mais vite), « buffet à volonté » (où l’on mange mal mais à volonté) parviennent néanmoins à tirer nombre d’entre nous hors du domicile (où l’on a tout le temps de faire bon et copieux).

Mais revenons à nos moutons, moutons.

A quelques exceptions près, restaurant égale fête. Au demeurant, son étymo est si limpide qu’on ne la voit plus : on y entre, tout sourire, pour se restaurer. Imaginons ces voyageurs harassés d’avant le hamburgé, volontiers ripailleurs, bombançant à coups de « Holà ! Tavernier ! » avant de cuver goûter un sommeil réparateur. Bête comme chou hein ? C’est d’ailleurs dans ce sens que l’on utilise restaurer tout court. Un restaurateur, lorsqu’il ne tient pas un restaurant, est celui chargé de « retaper » des antiquités de tous ordres :

Je me retaperais bien un peu de cette merde.

Précisément, avant que la métonymie eût fait son œuvre, un bon restaurant se trouvait dans l’assiette (« aliment, boisson qui restaure »).
Exactement comme un petit remontant, voui voui.

Le verbe n’a pas bougé d’un poil de pinceau depuis le latin restaurare : « rebâtir, réparer, renouveler ». Et ce radical –staurare ? Mais c’est celui qu’on retrouve dans instaurer. Il ferait même diantrement penser à son grand frère stare (« être debout »).

Statique comme une statue au stand de frites, derrière son taré de frangin.

(C’est pas un jugement, c’est un constat.)

 

Pour la petite histoire, selon Littré, le premier restaurant strico sensu fut ouvert près du Louvre en 1765 par un certain Boulanger. Qui, tel Christophe Colomb, crut jusqu’au bout tenir une boulangerie. Comme la clientèle chinoise s’entêtait à lui réclamer des baguettes, il devint fou et s’en fut, de dépit, engraisser les poissons de la Seine.

Merci de votre attention.

 

Blaireau ascendant mouton

 

Le Scorpion est capable de manipuler les autres pour sa propre cupidité.
(signe-astrologique.co)
Le Juif ébranle économiquement les états jusqu’à ce que les entreprises sociales, devenues non rentables, soient enlevées à l’Etat et soumises à son contrôle financier. (Mein Kampf)

L’idée du caractère inscrit dans le génome, on sait où ça mène.
Plus fumeux encore : le caractère déterminé par la position dans le ciel (ayant évolué depuis les Anciens) d’une constellation, qui n’est jamais qu’un dessin d’étoiles arbitraire bien pratique pour se repérer, autrement dit une vue de l’esprit (le répétez pas mais la Grande Ourse c’est pas une vraie) au jour de votre naissance… Ah ben vous avais prévenus. L’astrologie, ça s’appelle. Une chambre à gaz publique où l’on vient de son propre chef s’exterminer la raison.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Pour les ceusses qui règlent leur vie sur l’horoscope, la cause est désespérée. Quant à vous autres pas-superstitieux-mais-pas-tranquilles-pour-autant-à-la-vue-d’un-chat-noir, ressentez pas comme un fifrelin de honte à vous prendre au jeu ? Là.

Poursuivez votre but sans vous laisser distraire par d’inutiles affrontements ;
Ce sont vos bons rapports avec vos semblables qui vous faciliteront la vie. Soyez en excellents termes avec votre entourage, cela activera d’autant plus la venue de bonnes choses et des bonnes volontés, car tout ce qui se présentera à l’heure actuelle nécessitera le concours des autres.

Evidemment, formulé comac, les chances que ça n’arrive point avoisinent peau de balle : on s’y retrouve toujours. Ah mais c’est pour ça que le zodiaque, vous l’avalez à la petite cuiller ! Pas juste parce que c’est écrit dans le journal, dites ?

astrologie

L’avenir ne se prédit point, bonnes gens. C’est un peu dur à encaisser. Aussi l’astrologie invoque-t-elle les étoiles. Du lourd. Plus que les lignes de la main. Plus poétique que les entrailles de poulet. Mais pas plus sensé !
La météo n’est déjà pas une science exacte alors nos amours et nos zemmerdes, ce que ça leur chaut aux astres, hein…

Et la Lune, et les marées ? Confondez pas. Vu la distance, rien que la physique ne puisse expliquer. Pensez-y, à la prochaine pleine lune, quand vous vous relèverez pour aller sucer dans le frigo la succulente carcasse d’une innocente volaille.

 

Pas convaincus ? Expérience (sans trucage) :
Prenez dix magazines au hasard.
Comparez les horoscopes.
Y en a-t-il deux qui concordent ?

« Question d’interprétation », arguera-t-on. Ben mon Coran.

Et si on arrêtait mais alors tout de suite de gâcher la sciure des arbres et du temps d’antenne pour semblable flan ?

 

Si l’on s’échine à y croire, c’est que l’horoscope nous donne de l’importance, les mouflets. Il nous propulse du dérisoire au cosmique. Parlez-moi d’moi, y’a qu’ça qui m’intéresseu. Esquisses de flirt, aubaines, l’aléa le plus riquiqui : portés au firmament !
Assermentés ou non, les astrologues tirent sur cette seule ficelle. Comme elle est un peu grosse (et pis qu’y faut bien vivre), ils nous la camouflent avec du décan, de la conjonction, de l’ascendant. Nous dispensant accessoirement d’y lever le nez, vers la voûte étoilée. Et du frisson d’humilité qui va avec…

 

Z’êtes grands maintenant. Assez pour ne pas laisser Jupiter décider à votre place, nom de Zeus.

Merci de votre attention.