Plausible

 

Pour mieux sentir la différence entre possible et plausible, il suffit de chercher le contraire de ce dernier. A l’impossible, nul n’est tenu : y’en a pas. Plausible est chargé positivement, quoi qu’il arrive.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Possible sert pour tous les jours. Plausible, c’est pour les grandes occasions, quand on a besoin de soupeser des hypothèses. Comme les deux adjectifs sont cousins par leur signification et leur sonorité, on a tôt fait de voir en possible un plausible du pauvre, ou en plausible un possible amélioré.

C’est se laisser abuser par son charme enjôleur.

 

Parce qu’en 1552, est plausible « ce qui plaist », figurez-vous. Chez Montaigne un peu plus tard, le sens qui semble devoir être admis est plutôt « qui semble devoir être admis ».

Plaire, être admis voire admiré, ne humez-vous point comme un parfum d’ovation derrière tout ça ?
C’est plus que plausible.

Surtout si l’on déterre l’ancêtre latin plausibilis du caveau familial de plaudere, « battre », en particulier « des mains ». Applaudir, quoi. Ou applause, chez les Anglo-saxons. Et dire que certains n’en ont rien à battre de l’étymo.

Le verbe d’origine applaudere n’a pas pris une ride. Et a su préserver le mystère : comme le Big Bang, on ne peut pas remonter plus loin. D’ailleurs d’ailleurs, il donne naissance à l’anglais explode (au départ, « chahuter pour faire sortir de scène un acteur », soit l’exact inverse d’applaudir). Lequel a fini par exploser chez nous, avant implosion.

 

Plausible en somme, c’est comme applausible ou applaudible, si toutefois le hasard avait rendus ces avatars possibles.

Merci de votre attention.