Galvaudé

 

Si « le mot n’est pas galvaudé », l’épithète non plus, qui ne retentit guère que dans les grandes occases.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Sauf exception notable, galvaudé ne fait pas partie du vocabulaire d’un enfant de trois ans. Mais avec ces quelques exemples :

Mm, les bons légumes !
Oh qu’il est joli, ce dessin ! C’est quoi ?
Je compte jusqu’à trois…

nul doute qu’il en comprendra parfaitement la valeur (ou l’absence de valeur).

 

Galvaudé – même le chiard ne sera pas surpris – est bien sûr le participe de galvauder :

mal employer, gaspiller,

en particulier un mot, jusqu’à le

déprécier.

 

Le sens du verbe à travers les âges reste allègrement négatif. 1690 : « humilier par des reproches » ; 1770 : « avilir, compromettre » ; 1810 : « mettre en désordre, faire mauvais emploi de » ; 1887, apothéose intransitive : « ne rien faire qui vaille, traîner ». Ne manquent à l’appel que « fréquenter les rézosocios » et « sodomiser les mouches » (pour 2017).

 

Vous le humiez à raison : galvauder a le même radical que ravauder, qu’on n’entend plus beaucoup dans les chaumières bien qu’il épouse itou l’idée d’un usage répété. Ce « raccommoder » de la vieille école a cousu ravaut, « sottise, bourde » mi-XIVe, à ravaler, au XVIe « dépréciation du prix d’une marchandise » toujours dure à avaler, soit « aller dans le sens de l’aval » et conséquemment « descendre ».

Quant au préfixe gal-, on l’a déjà évoqué bien en amont. Aussi, pas la peine de se répéter.

Merci de votre attention.

 

Gala

 

Bien avant de donner son blase à une feuille de chou d’antichambre, gala a toujours eu, autour de la Méditerranée, une odeur de fête, de petits plats dans les grands et autres joyeusetés costumées. Il s’est même un temps entiché d’une seconde labiale (galla).
Sans doute une surenchère par rapport à gala, « vêtement d’apparat, de fête » dans l’Espagne du XVe siècle.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Là oùsque ça devient cocasse, c’est que nous avons sans le savoir repris notre dû aux Espagnols. Car tenez-vous bien, pour parler d’une « réjouissance » au Moyen-Age, c’estoit le mot gale que l’on employoit. Un peu comme si on décidait d’appeler mildiou ou H1N1 les noubas de maintenant alors ? Meuh non sots, pas de fléau là-dessous : gale était issu du verbe galer, attesté en 1223 (« s’amuser, dépenser, dissiper en plaisirs »). Pourquoi croyez-vous que régaler, galant (au sens vieilli de « raffiné »), galon, galipette ou encore galopin soient toujours en vigueur, mm ? Si, de gala, nos aïeux adoptèrent le a final, ce fut sans doute moins par souci de joliesse que pour empêcher la confusion avec l’autre gale. Futés, ces gars-là.

Z’avez encore rien vu, c’est un régal.

Figurez-vous que galer viendrait quant à lui de l’ancien bas francique wala (« bien »). A rapprocher du « joyeux compagnon » celtique (gal), du gallo-romain walare (« se la couler douce ») mais aussi et surtout du well anglais, les cocos !

Well well well, vous attendiez-vous à pareille fête ce jourd’hui ?

Merci de votre attention.