Pas isocèles, encore moins équilatéraux, les triangles quelconques ne ressemblent qu’à eux-mêmes. C’est pour ça qu’on les aime.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Avant tout, veillez à bien prononcer le -que de quelconque, sans quoi ça fait « quel khôn » et on vous prêtera des jugements à l’emporte-pièce. C’est de -conque dont il s’agit, épatant suffixe qui n’a quasiment pas cours sauf dans quiconque, c’est dire. Ou alors à l’état de conque, ce qui nous éloigne du sujet mais offre l’illusion du bruit de la mer (alors que c’est juste la bestiole qui vous murmure « quel khôn » à l’oreille).
Contrairement à quiconque, toujours au départ de l’action en tant que pronom, quelconque joue au poste d’adjectif quoi qu’il arrive.
Un + x + quelconque = n’importe quel x. Ou Monsieur Tout-le-monde, ce qui revient au même :
un chien quelconque.
On ne vous la fait pas, avec tous ses -que, c’est bien sûr du méditerranéen pur sucre. A l’origine, quelconque remplace même son cousin quelque dans la locution « quelque […] que » :
en quelconques adversité que soiez.
Voyez ce à quoi avons échappé. Sans compter que le drôle naquit quelquunque au XIIe siècle. En kit : quel, que et onques, « jamais » d’époque. A rapprocher de quiconque première version, « qui qu’onques », littéralement « quel que soit jamais celui qui ».
A comparer aussi à l’homologue rital qualunque, encore fort proche du prototype latin qualiscumque.
Si ce cumque (parfois cunque, d’où -conque) signifie « toujours » en VO, don’t be surprised ; rappelez-vous comment les Zanglais construisent leurs whoever (« quiconque ») et whatever (« quoi que »).
On en a conquis pour moins que ça.
Merci de votre attention.