Au fond, qu’est-ce qui distingue l’étourdi du planeur ? Soupesez ces deux-là dans leur bulle respective : ils sont quasi-synonymes. La faculté qu’a le second d’être à côté de ses pompes recoupe tout à fait la tendance à oublier du premier. Sinon, de quoi on parlait ?
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Promis juré, on croise un dénommé « Ricard Estordit » dès 1086. De fait, sinon rond comme une queue de pelle, du moins « engourdi du cerveau », le sens d’« esturdi » est déjà acquis fin XIIe.
S’étourdir devient par extension « perdre la claire conscience de soi-même, de ses actes ».
Si l’accent aigu (et le s avant lui) ne vous mettent pas sur la voie latine, c’est de l’étourderie pure et simple les enfants.
En effet, à la vue des grives picorant le raisin des fûts, le latin populaire éprouva le besoin d’un verbe exprimant l’idée d’un étourdissement similaire. Ni une ni deux, il mit au point exturdire à partir de turdus, « grive ».
Ou tourdre, comme disent encore les Provençaux qui ne craignent personne question coteaux.
Comme quoi, de tout temps, le comportement des piafs a laissé perplexe. D’ailleurs, quel étourdi plus fameux que la « tête de linotte », pas moins passereau que la grive ? Alors alors.
Mais zieutez un peu par là : derrière turdus se cachait depuis le début l’indo-européen trozdos (« oiseau noir »). Les Anglais ont d’ailleurs donné à leur « grive » le petit nom de thrush calqué dessus.
Et notre étourneau ? Pas de chance, il vient d’une autre branche (sturnus en latin classique).
Rien à voir avec l’étourdi donc. Par contre, qu’est-ce qu’il plane.
Merci de votre attention.