Catalogue

 

Tout est toujours plus pimpant sur catalogue. Cependant, rien de pire que de se faire cataloguer. Du paradoxe en feuilleté comme on les aime.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Aux dires de plusieurs témoins, catalogue ferait partie de la bande à prologue, dialogue et Décalogue. Point commun : logos (« langage »).
Mais voilà qu’une bande rivale aboule et non des moindres : catastrophe, cataclysme, cataracte, catatonie
Catalogue serait-il pris entre deux feux ?

 

Sa trajectoire est pourtant d’un linéaire désespérant. Bombardé « liste, énumération » chez nous dès 1265, on le doit au bas latin catalogus (même sens depuis le IVe siècle), lui-même pompé sans vergogne sur le grec κατα ́λογος (même sens depuis les derniers dinosaures).

Encore aujourd’hui, tapez κατα ́λογος dans un moteur de recherche et « κατα ́λογος IKEA » s’offrira de suite à vos clics.

Le verbe κατάλέγω partait pourtant de loin, de « complètement, bas » même ; la katá, en un mot. Heureusement, il réussit à s’allouer les services de légein (« dire, choisir, collecter »).

Si bien qu’un catalogue est fort logiquement une

liste, établie dans un ordre donné, de noms de personnes ou de choses formant une collection.

Attention, l’annuaire, présentant exactement les mêmes caractéristiques, n’aura pas droit au respect dû à son grand frère catalogue : il finira « bottin ». Et dans la gueule des gardés à vue.
Auxquels on appliquera charitablement un cataplasme en guise d’épilogue.

Merci de votre attention.

 

Bibliothèque

 

Dans notre série « séparation de l’Eglise et de l’Etat, ça va, de la langue c’est pas gagné », démonter une bibliothèque réserve quelques surprises. Pourquoi biblio- plutôt que « libriothèque », sur la base du liber latin, cette « partie vivante de l’écorce » qui nous a donné le livre ? Parce que LE livre, depuis Gutenberg, c’est la Bible. Ainsi soit-il.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Mettons que vos bouquins commencent à s’entasser dangereusement. Vous fonceriez ni une ni deux chez le Suédois zieuter les coranothèques ou les talmudothèques ? C’est pas pire hein ! Soit dit en passant, le meuble serait vite sur pied, avec son unique étage de ça de large. Toujours ça de pris.

On imagine déjà les théologiens et autres exégètes montant sur leurs grands chevaux : « ouiii mais les Ecritures n’ont pris le nom de Bible qu’au début du XIIIe sièèècle, d’après les biblia, « livres sacrés » latins empruntés au grec το ̀βιϐλι ́ον (« papier, lettre, liiivre ») et d’ailleurs le mot désignait avant même l’invention de l’imprimerie un « grand livre » puis un livre tout couuurt et, par analogie, un livre auquel on se réfère souvent (jamais sans ma biiible) et… ».

Levez pas les yeux au ciel. Trop contents d’avoir gaulé un mot aux Athéniens, les Romains, pendant qu’ils y étaient, ont nommé bibliotheca une « salle renfermant des livres » ainsi que l’armoire prévue à cet effet. Laquelle est parvenue sans bouger jusqu’à nous, en dépit de la surcouche chrétienne et des siècles d’autopersuasion de foi qui l’auront vermoulue.

De même, nos semblables en âge de s’emboîter vont en discothèque. Sûrement pas pour admirer la « collection de disques », va. Que de bons bouquins (et de bonne zizique) partis en sueur et en surdité précoce, moïe oïe oïe…

 

Quand Dieu créa le pommier on ne sait plus quel jour (alors ça aussi, s’Il a tout créé, y compris la Nature, les « jours » ne pouvaient Lui préexister rogntûdjû), Il l’appela « arbre de la Connaissance ». En toute logique, aux pots et aux anniversaires, on devrait donc becqueter de la tarte aux connaissances sans que personne y trouve à redire. A part les peine-à-jouir qu’aiment pas la cannelle mais ceci fera l’objet d’un débat ultérieur.

Merci de votre attention.