Selon les relevés de l’Observatoire des Mots Inexplicablement Omis (l’OMIOmis, un organisme fiableonnepeutplusfiable), ensacher retentit en moyenne moins de dix fois par an parmi la population mondiale. Alors que le verbe désigne un geste qui, pour la même échelle, s’accomplit entre 5 et 600 000 000 000 de fois plus. Avant l’extinction de l’espèce, une rescousse s’impose.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Ensachez, ensachez, il en restera toujours quelque chose.
C’est vrai, pourquoi boude-t-on à ce point ensacher (« mettre dans un sac, dans un sachet »), alors qu’empaqueter (idem avec « paquet »), encadrer (on ne vous fait pas un dessin), embarquer (devenu figuré tant il fait partie des meubles) se prononcent à bouche que veux-tu ?
Et que dire d’emmerder, dont la fréquence n’a rien à envier aux ensachages cités plus haut ?
Primo, sans doute à cause de l’homonymie un peu ridicule avec son résultat : « en sachet », faisant lui-même écho à une « purée en sachet » de sinistre mémoire.
Ensuite, parce que les ennuis commencent dès lors qu’on entreprend de conjuguer la chose.
– Ç’a été ensaché ?
– Pas que je sache.
– Il aurait pourtant fallu que vous l’ensachassiez.
Passer chez Sosh, à côté ? Du menu fretin d’archiduchesse en chaussettes socquettes.
En attendant, à la caisse, le petit personnel en est réduit à vous demander s’il convient de
mettre le ticket dans le sachet.
Préférez qu’on vous
l’ensache,
vous aurez égayé toute la boutique.
Merci de votre attention.