Sur les pavés la plaie

 

Si vous lisez ces lignes à même le smartphone, rangez-moi ça deux secondes et écoutez celle-là : en Nipponie, on construit des trottoirs dédiés aux drogués de ces khôchonneries. Pour « communiquer » zen, sans doute.

Mais revenons à nos hitsujis, moutons.

Sans verser dans le vieux-khônnisme à tout crin, si l’individualisme était galopant, il a fini sa course. Pour venir s’échouer sur ledit trottoir.
Les études l’ont montré, la trajectoire du tapoteur intempestif recoupe celle de l’homme bourré. Souriez, souriez ! Les urgentistes, eux, ne rigolent plus du tout à force de devoir rafistoler les blaireaux tombés dans l’escalier faute de décoller le nez de leur joujou.

Depuis l’invention du walkman – une paille -, on ne s’étonne plus de rien. Si la technologie permet de flâner dans sa bulle, pourquoi ne pas en profiter pour signifier « j’emmerde mon prochain » dans l’espace public ?

 

Mais, outre le coût de l’infrastructure, hors même de toute considération sociologique, l’affaire est débilos à plusieurs titres :

– elle limite les zaccidents avec les piétons normaux, certes. Mais quid des blaireaux qui viennent en face ? Ils se font tout autant rentrer dans le lard. Prochaine étape : des routes spéciales blaireaux, à collisions mutuelles.

– emporter tous ses contacts avec soi en vue de leur tapoter de partout est une perspective alléchante. Mais en mettant un pied devant l’autre ? Impossible. Un texto écrit à l’arrêt, c’est déjà pas toujours beau à voir, alors en mouvement ! Z’aurez beau goudronner exprès, on ne défie pas impunément toutes les lois de l’univers.

– pis de surcroît, c’est en battant le pavé que le cerveau s’aère. Si à leur âge les Nippons n’ont pas compris ça hein, c’est que l’idée des trottoirs leur est venue en tapotant.

 

D’ailleurs, à l’heure où nous mettons sous Press, ils sont en pleine année du mouton.
En voilà une qui tombe à pic.

Merci de votre attention.

 

« Du lard ou du cochon »

 

Désarmé face à un interlocuteur pince-sans-rire, on a tôt fait de se demander « si c’est du lard ou du cochon ». Certains iront puiser dans le contexte ou chercher l’avis d’un tiers, pour mieux lever l’ambiguïté du propos. Ambigu, dites-vous ? Et si nous zieutions l’expression elle-même ?

Mais revenons à nos lardons, cochons.

Ecarquillement, révélation et décontenance : le lard, c’est toujours du cochon, dites donc. Hof oui, au hasard d’une boucherie hallal, kasher, d’un rayon de supermarché, vous trouverez bien des barquettes de « lardons » de volaille ou de canard, voire de saumon fumé ben voyons. Soyez sur vos gardes, c’est pour éviter d’écrire « finement émincé » (on a déjà essayé de vous faire le coup en dénaturant le tiramisù). Or, contrairement à ce qu’on a longtemps cru, le lardon n’est pas le fruit du lardonnier mais un petit bout de lard et le lard c’est dans le cochon, où tout est bon. A quand une AOC pour les lardons ?

Aussi, juger du sérieux ou non d’une assertion en n’ayant pour alternative que lard ou cochon revient à dire « pile, je gagne, face, tu perds » ; on n’est pas plus avancé. Jamais ne vous avait-ce frappé non plus, pendant toutes ces lunes ?

Au rang des absurdités alimentaires se faufile également « vouloir le beurre et l’argent du beurre ». Allez allez, où a-t-on observé qu’une motte de beurre disposait d’une fortune personnelle ? Avait des radis par-devers elle ? Voilà qui ne manquerait pas de sel. A l’inverse de sa voisine du dessus, la formule veut donc clairement dire ce qu’elle veut dire, à savoir désirer une chose parfaitement impossible.
Cholestérol toujours, la question « et mon cul, c’est du poulet ? » risque de rester longtemps en suspens. Le seul qui pourrait à bon droit la poser – le poulet – n’est pas doué de parole. Le serait-il d’ailleurs qu’il n’y aurait pas lieu de s’interroger : oui, son cul, c’est bien du poulet.
Quoique le terme croupion soit plus approprié. Le cul, c’est pour les cochons et ça ne donne pas de lardons, cette affaire.
Au moins un abus de langage que la Grosse Distribution n’osera pas se permettre.

Merci de votre attention.