Comment choisir son aphrodisiaque ?

 

De même que tout est politique, tout est aphrodisiaque – s’il faut en croire ceux qui sous le manteau vous le présentent comme tel. Méfiez-vous, un bon vendeur à la sauvette est capable d’écouler n’importe quelle camelote pourvu qu’elle se pare des vertus susnommées.

Et il y en a de toutes sortes, histoire de contenter Monsieur et Madame. Notez que neuf fois sur dix, c’est Monsieur qu’on charge de faire grimper Madame au rideau. Ceci tient sans doute au fait que le vendeur est rarement une vendeuse.

Quant à vous, membre de la « communauté LGBQT », passez votre chemin : c’est bien connu, vous n’êtes pas concerné(e).

 

Si vous êtes porté(e) sur la chose, point n’êtes-vous pour autant spécialiste des petits coups de pouce du destin. Comment savoir avant de l’essayer si la marchandise (qu’en temps normal vous jugeriez inoffensive) aura le moindre effet sur les ngolo-ngolos à venir ?

 

Or donc, quelle attitude adopter ?
Réagissez en bonne poire civilisée.
Plusieurs options s’offrent à vous :

 

♦  L’aphrodisiaque se présente généralement sous forme de plante ou d’aliment. Si l’on vous parle des phases de la lune, c’est sûrement au figuré.

♦  En vue de votre daube dominicale, exigez du boucher qu’il ait du lapin australien, réputé plus chaud encore que ses congénères continentaux.

 

♦  Si l’on vous propose un vieux frigo pour pimenter les préliminaires, il est fort probable qu’on cherche en réalité à vous le fourguer en désespoir de cause. Vérifiez au moins l’état des clayettes.

 

♦  Une vitrine ou un miroir de poche suffiront, dans lesquels vous vous mirerez avec votre tourtereau. Dans le cas contraire, faites, sinon vie, du moins chambre à part et restez bons amis en souvenir du bon temps.

 

Flegme et dignité, montrez de quel bois vous vous chauffez.

 

Fulgurance #149

Entre abattre un rhinocéros pour sa corne aphrodisiaque ou gaspiller du gigawatt pour inonder la planète de spams coquins, pas de quartier : anciens ou modernes, il faut couper les khoûilles de tous les braconniers.

Ad libitum

 

Faute de pouvoir traduire ad libitum par un synonyme 100% sûr, le français moyen en est réduit à chercher des équivalents : à l’envi, jusqu’à plus soif, jusqu’à épuisement des stocks, et plus si affinités.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Parmi tout ce qui précède, bien malin qui pourrait dire ce qui sur le plan littéral s’approche le plus de la locution latine. Raison pour laquelle nous l’avons conservée intacte, à tous les coups. Tout en lui donnant du « ad lib. », marque d’affection que nous ne réservons guère qu’à etc., excusez du peu.

 

On n’a pas toute la journée.

Ad : « à » avant la lettre. Préposition dont la particularité est de s’adjoindre tout ce qui passe.

Libitum fait de son côté furieusement penser à libido. Engagés sur cette pente du stupre, ne serions-nous pas en train de nous éloigner du sujet ?

Détrompez-vous. Libitus et « plaisir » sont cul et chemise, si si.

En Latinie, le mot voit le jour comme participe passé substantivé de libere, « plaire ». Car si « ich liebe dich », c’est d’abord parce que « tu me plais ». Et avant de nous lancer des noms d’oiseaux, souvenons-nous qu’un quolibet est à l’origine une question improvisée, débattue librement, selon quod libet : « ce qui plaît ».

Quant aux lubies qui se déclarent sans crier gare, elles bourgeonnent sur le verbe lubere, variante – on vous le donne en mille – de libere.

 

Pas étonnant que les partitions des musiciens regorgent d’ad libitum. Occasion rêvée pour l’interprète de jouer enfin selon son humeur, « à plaisir » ; moyen détourné pour le compositeur de ne pas trop se casser la nénette.

Merci de votre attention.