Sponsor

 

Quoi que vous entrepreniez dans la vie, n’oubliez surtout pas de remercier votre sponsor. Ça lui fera plaisir car on ne le voit pas bien, noyé qu’il est parmi les autres sponsors derrière le sponsorisé qu’on interviewe.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

D’où nous vient sponsor, ce monstre n’évoquant rien de connu si ce n’est le son du tiroir-caisse ?

Des Stazunis, où il n’a cours qu’en 1931 ?
C’est oublier que sponsor attend son heure depuis le XVIIe siècle en tant que « parrain/marraine » lors des baptêmes grands-bretons. Notion de « garant » qui s’étend quickly au-delà du bénitier. Jusqu’aux arrêtés du 17 mars 1982 et du 24 janvier 1983, qui recommandent l’usage de commanditaire pour éviter l’anglicisme. Comme quoi hein, arrêtons de chier sur les anglicismes.

 

D’autant plus que sponsor attend son heure depuis le début de la chrétienté en tant que « parrain/marraine » lors des baptêmes latins. Sa terminaison est si typique qu’on aurait dû faire le rapprochement alors quoi ? A notre décharge, il est vrai que le français change systématiquement les -or en -eur : tutor → tuteur, imperator → empereur, etc. On a par conséquent évité « sponseur » de peu. Comme quoi hein, arrêtons de chier sur les exceptions.

 

Sponsor doit sans l’ombre d’un pli son nom à sponsus, participe passé de spondere, « promettre solennellement », basé sur l’indo-européen spend-, « faire une offrande », d’où « s’engager ».

Au passage, si sponsus et sponsa sont « fiancés », c’est pour nous rappeler que sposus = sponsus prononcé à la va-comme-je-t’épouse. En témoignent encore l’espagnol esposo, le rital sposo et le chleu Gespons.

 

Si après ça vous cherchez encore des correspondances entre sponsor et d’autres mots de la langue que vous ne verriez pas spontanément, c’est de votre responsabilité.

Merci de votre attention.

 

« Géolocaliser »

 

Nous autres terriens le nez dans le guidon ne détectons même plus le snobisme de ce verbe étrange. C’est vrai ça : comment se faire localiser autrement que géographiquement ? En se mettant hors de portée des satellites. C’est-à-dire en orbite, ce qui nous pend au pif.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Localiser :

Repérer l’emplacement exact de.

Géo- : « terre », depuis les Grecs.

Par voie de conséquence, « géolocaliser » un être vivant quel qu’il soit, c’est le localiser où qu’il aille.

 

Le pléonasme a fait le tour de la terre. Si bien qu’on a du mal à l’originolocaliser.
Naît-il avec le gépéhès, dont les initiales signifient sûrement Géolocalisation [Plus Simagrées] ? Point point. Global Positioning System, voilà l’identité du mouchard à voix de fille du sexe féminin.
Et puisque le système est global, il couvre par définition toute la surface où nous serions susceptibles d’organiser des crapahuts. Soit de la croûte terrestre à l’atmosphère.

Si le èfebihaye localise un individu dans un périmètre bien défini, les satellites localisent nos bagnoles et téléphones (jamais nous directement, tiens) dans leur propre rayon d’action, tout aussi défini. Où l’on voit que géo-, rapporté à l’immensité du cosmos, fait un peu petite bite.

Tout fiers de leur concept, les inventeurs voulaient sans doute signifier par là non pas localisation sur terre mais localisation n’importe où sur icelle.
Vu la définition ci-dessus, localiser n’importe où, est-ce bien localiser ? La question reste ouverte.

 

Quant à l’utilité de la chose, souvenons-nous de cette réflexion du poète :

There’s nowhere you can be that isn’t where you’re meant to be.

C’est simple.

Merci de votre attention.

all-you-need-is-love

Brun de toilettes

 

Juillettiste, aoûtien, même combat. Trop souvent, le chemin de la pause pipi mène à ces aires d’autoroute pour lequel l’adjectif immonde semble avoir été inventé. Non pas les plus fréquentées, aux WC quotidiennement entretenus car intégrés au restaurant ou à la station-service. Je veux parler des cabanons généralement en briques n’offrant à l’estivant que la possibilité de se soulager – ou de se retenir encore 72 km, tant la pestilence y est insoutenable.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Allez savoir pourquoi, détergents et serpillières semblent avoir déserté depuis l’origine ces oasis de fétidité. Où viennent grossir nos propres humeurs : pissous de tribus nordiques, grosse commission belge, urine de Hollandais à caravane, générosité italienne, écoulements allemands, souvenirs du Portugal, gouttelettes anglaises, sécrétions du Liechtenstein, flaques helvétiques, Turques dans leur élément… Vous avez raison, vaut mieux pas savoir. Sur l’échelle de la civilisation, cet enfer sur terre, ce summum du refouloir, cette internationale de la pisse nous relèguent plus bas que l’animal. Lequel en effet n’assouvit jamais ses besoins en meute, marquant son territoire justement pour dissuader ses congénères d’y lever la patte.

Solution ? Déménager le péage pile à l’entrée, afin d’inciter les plus rétifs à l’élémentaire hygiène à faire dans les règles de l’art. Ou couper à travers champs et s’arrêter incognito au milieu des blés. Mais traînez pas, surtout que c’est le coin des renards.

 

Décidément impayable, une encyclo en ligne nous apprend que

ces aires sont très propres, les sanitaires sont nettoyés tous les jours par les services autoroutiers.

C’est bien simple, on pourrait manger par terre. Bon alors, jambon-beurre, saucisson, fromage, miasmes, qui veut quoi ? Wikipédistes, vous nous faites pisser de rire tiens.

Merci de votre attention.