« Pas de souci »

 

Pas de s à souci, on a déjà assez de soucis comme ça. N’y en aurait-il qu’un qu’on n’en mettrait pas plus d’ailleurs, vu que souci c’est comme voici, ici et le couci de couça : c’est très singulier. Au contraire de merci, dont le pluriel fait

merci beaucoup.

Blblblblblblbl.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Faut-il que l’on vive une époque salement aseptisée pour s’entendre dire à la moindre requête :

Pas de souci.

La formule a balayé « pas de problème », qu’a priori on pouvait considérer comme synonyme. Sauf qu’à y regarder de plus près,

pas de problème

est le raccourci de

(il n’y a) pas de problème.

On y rassure dans le feutré, détaché, presque neutre, je m’en occupe, nous disions donc un kebab avec tout.

En revanche, « pas de souci » sous-entend « ne vous en faites pas ». Bigre. On se place délibérément du côté client, avec ça ; on franchit un seuil dans le doucereux, on se met dans le sens du poil.
Les moutonneaux nés dans un monde de services balancent des « pas de souci » comme ils le feraient d’un smiley. Un optimisme vidé de sa substance. Croient-ils vraiment vous libérer d’un poids ? Sans doute que non mais pour retirer une épine virtuelle du pied, rien de tel qu’un garde-à-vous cool.

C’étions pas les formules de politesse qui manquent pourtant ! « Très bien », « tout de suite », « mais comment donc », « c’est comme si c’était fait », « et une sauce blanche et des oignons qui vont bien », etc.

 

Quant au déjà ringard « no soucy » (prononcé « soussaille », parodie de franglais pas évidente pour tout le monde), il a sa place réservée au musée des horreurs. Où le rejoindra tôt ou tard « ça marche », autre postulat d’efficacité qui pour l’instant marche très fort aussi.

Merci de votre attention.