Huppé

 

L’organisateur d’une fiesta huppée ne s’en vantera jamais, du moins pas en ces termes. « Fiesta », c’est bon pour les bouseux, soyons sérieux.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Quel rapport entre la « distinction » et le fait de « porter une huppe » ? Le signe distinctif, justement. Que seuls les oiseaux huppés ont le privilège d’arborer : roitelet, colibri, vanneau, grèbe huppé (le plus grand de tous les grèbes, famille des podicipédidés, alors autant pas le faire chier). Quant à la huppe, on la confond carrément avec son aigrette bigarrée.
(Attention, « aigrette » désigne ici la huppe et non l’oiseau.
Attention, « huppe » désigne ici la huppe et non l’oiseau).

 

Les ornithologues du XIVe siècle qualifient déjà de hupe la « touffe de plumes sur la tête de certains oiseaux ». Mot pompé sur huppe (le piaf), née uppa cinq siècles plus tôt, contraction du latin upupa. Quel est justement le nom scientifique de la huppe fasciée ? Upupa epops. A cause de son cri ? Si oui, les Grecs l’auraient donc ouï epops et les Latins upupa ? Jugez sur pièces :

L’onomatopée a de la ressource. Elle devient puppukis en letton, pupak en persan, hopop en arménien, hoephoep en afrikaans et hoopoe en anglais.

 

Quid alors de houppe, cet

assemblage de brins de laine, de soie, de fils liés ensemble à une extrémité de manière à former une touffe et qui sert d’ornement ?

Le mot éclot vers 1350 du bas francique huppo, « touffe », ayant probablement poussé sur l’indo-européen (s)keup- de même sens. A ce stade, rapprocher huppe et houppe ne serait donc point tiré par les cheveux, la seconde croisant comme un fait exprès le chemin de la première.

 

Hop hop hop, on est passé un peu vite sur cette histoire d’onomatopée tout à l’heure. Car hop ! descend de l’ancien verbe houper, « appeler quelqu’un » (sans doute comme le ferait notre huppe avec un larbinos quelconque à l’heure du déjeuner). On peut en admirer un vestige dans houp-là (un peu plus huppé).

Merci de votre attention.

 

Fulgurance #85

Insomniaques, vous seuls le savez : 47 625 espèces d’oiseaux se relaient en permanence à vos fenêtres, avec chacune son cri. VOUS POUVEZ DORMIR SUR VOS DEUX OREILLES.

Reprendre c’est voler

 

Les albums de reprises ont au moins cette vertu d’être impitoyables pour les « artistes » invités ne valant pas tripette par ailleurs. Hein ! On n’est jamais déçu du résultat : pendant que nos chaussettes se barrent en trombe en faisant « kaï ! kaï ! », le dinosaure dont c’est l’hommage se retourne dans sa tombe à coups de triples axels.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Par exemple, Les oiseaux de passage, sorti en l’honneur de Brassens en 2011, aligne Yann Tiersen, Arthur H, Tarmac, Miossec, Les Têtes Raides, Saez… On en oublie un peu sur les bords, du gratin comme ça, ce serait dommage de s’en priver.
Ça loupe pas. La plupart de ces zozos se donnent le mot pour massacrer non seulement la lettre :

Un p’tit coin d’parapluie pour un coin d’paradis…

(pour pour contre, en quel honneur ? mystère)
… mais aussi l’esprit du grand Georges.
Gants, masque, pincettes, auscultons La Ballade des gens qui sont nés quelque part, par Tarmac (ex-Louise Attaque). Vous vous souvenez de Louise Attaque ? ‘Tention va falloir serrer les dents :

Ji voudrrais qui ti té raméééénes au vâânt…

Sont pas bégueules à la Sacem. En l’espèce, ceux-là te me trouvent le moyen d’évacuer la mélodie, de refourguer leur « harmonie » maison (tout en quintes, se sont arrêtés à la quinte) puis, dans un dernier sursaut d’impuissance, de ne ressusciter l’air qu’à moitié vers la fin.
Y’a d’autres métiers sinon.

Bon ben pour les cas désespérés, à quand un permis de reprise ? A n’accorder qu’avec parcimonie, s’entend, les élèves surpassant le maître se comptent sur les doigts d’une paluche. Rares sont les Crosby, Stills & Nash à avoir fait leur un Beatlesque Blackbird au point d’instiller le doute quant à la paternité du bijou. Pour parvenir à ce tour de force, encore faut-il savoir écrire soi-même et pousser la chansonnette, histoire de s’imprégner de la sève d’origine pour en bouturer un rameau unique.
Bref, piger un peu comment marche une chanson.

 

Les albums de reprises partent d’un bon sentiment. Dommage qu’on s’y foute un peu trop ouvertement de notre gueule.
Pourquoi confier des perles à des butors qui manifestement ne les sifflent pas sous la douche ?

Merci de votre attention.