La dictée de Pivot, certains s’en tirent très bien avec deux fautes : une à dictée, une à Pivot.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
On écrit sa dictée sous la dictée de quelqu’un qui dicte, jusque-là, ça va sans dire. Que vous croyez. Parce que dire, il va en être sacrément question.
Avouez que vous aussi admirez à n’en plus finir les terminaisons vintage de l’ancien français. Celles qui racontent l’histoire du mot qui les porte ont un cachet particulier :
il ne fault nul offenser, en dict, ne en faict.
Râh oui, l’orthographe d’avant, ct quand même autre chose. Aujourd’hui, que sont tous ces fiers –ct devenus (le t rebouclant vers le c, sinon ça vaut pas) ? Aspect, respect, suspect, distinct, instinct sans oublier le petit chouchou succinct : nous les avons gardés uniquement pour la déco. Pour être tout à fait exact, certains même prononcent encore exact avec un –a.
Tout ça pour dire que dire a beau faire, il ne se débarrasse pas comme ça de son c.
Un dicton, c’est ce que dit la sagesse populaire :
il ne fault nul offenser, en dict, ne en faict.
La diction (théâtreux à vos postes) : la manière de dire.
Un dictionnaire, rien moins qu’un répertoire de mots.
Un dictateur, celui qui ne se satisfait pas du diktat précédent und so weiter.
Dicter, donc, apparaît au XVe siècle, dicté par le latin classique dictare, « dire souvent, prescrire », fréquentatif de dicere, « dire » dites donc. Et si dire se disait dicere, c’est à cause de deik-, l’indo-européen pour « montrer, indiquer ». D’où quelques lunes plus tard le latin digitus auquel on doit notre doigt – autre finale remarquable s’il en est, d’autant que y’en a pas vingt.
Quant aux dictées de nos chères têtes blondes, aussi lamentables soient-elles, souvenez-vous qu’
il ne fault nul offenser, en dict, ne en faict.
Une lampée d’étymo en revanche, rien de tel pour piger la langue.
Merci de votre attention.