Sans vouloir vous commander, à quoi bon employer l’impératif avec des verbes sur lesquels on n’a pas prise (mériter, décider, mourir, avoir prise…) ?
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Pour les verbes d’action, pas de lézard :
Va chercher,
et le clebs s’exécute.
Cette loi d’airain s’applique à tous. A l’exception notable du papy sur la route, sur lequel
aaavaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaance,
mais rrrouuuuuuuuuuuuuuuule !
n’auront hélas aucune portée.
Mais c’est avec les verbes d’état que notre libre arbitre montre réellement ses limites.
Soyez pas khôn
n’est qu’un cri d’impuissance. Certainement pas une injonction suivie d’effets.
Dans un tout autre genre, il ne suffit pas de décréter :
bronzons
pour que le miracle ait lieu. En coulisse, c’est la mélanine qui se tape tout le boulot.
De même, ne dites pas :
pullulez
à un groupe d’insectes, notamment à dard.
Dormir ? Si les conditions sont réunies, pas besoin de se faire prier. Mais quand on n’est pas fatigué ? L’hypnotiseur insiste bien :
Dormez, je le veux.
Et n’intimez l’ordre de ronfler ni pendant le sommeil (on ne vous écoutera pas) ni avant ou après (vous n’obtiendrez qu’une pathétique imitation).
Quant à
oublie,
vous pouvez oublier. Même en vidant la mémoire en cache de votre cerveau, un souvenir laisse toujours des traces.
Puisqu’elle n’a pas de raison d’être, considérons comme inusitée la conjugaison à l’impératif des verbes d’état. Allez, soyons fous.
Merci de votre attention.