« Avec joie », « bille en tête », « pissaladière », on hésite encore sur le prochain sens de carrément. N’hésitez pas à proposer le vôtre. Le gagnant recevra tous les billets de ce blog en avant-première. Carrément.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Difficile de trouver un équivalent potable à cet adverbe épatant. Selon qu’il habille un verbe ou une épithète, seuls « même », « aller jusqu’à » ou « ne pas hésiter à » lui parviennent à la cheville. Carrément dingue quand on songe que carrément est construit sur carré. Essayez avec d’autres quadrilatères.
Quant à savoir pourquoi carrément en est venu à signifier carrément, ce n’est pas qu’on n’en ait rien à carrer mais c’est son futur qui nous tarabuste.
En devisant avec votre prochain, vous aurez noté qu’on est – sans raison apparente – passé de carrément le terrible à carrément l’imbécile heureux.
Jusque-là, l’option était radicale :
il l’a carrément giflée.
Version branchée, carrément se contente d’approuver au superlatif :
– Tu viens ?
– Carrément !
Comme si la chose requérait une audace folle.
Dans la même veine, pourquoi pas « excessivement » ou « trop » ? Ah, on nous signale que « trop » est déjà concerné.
Tout porte à croire que le pedzouille ayant inauguré la formule pensait plutôt à « et comment ». Et que, faute de vocabulaire, par rapprochement phonétique, il s’en est pris à carrément.
Symptomatique d’une époque où surjouer c’est exister. Comme on ne cesse de le baver ici même, c’est la langue que nous chargeons de ressentir à notre place. Et une langue chargée, c’est signe qu’on ne va carrément pas bien.
Merci de votre attention.