« Géolocaliser »

 

Nous autres terriens le nez dans le guidon ne détectons même plus le snobisme de ce verbe étrange. C’est vrai ça : comment se faire localiser autrement que géographiquement ? En se mettant hors de portée des satellites. C’est-à-dire en orbite, ce qui nous pend au pif.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Localiser :

Repérer l’emplacement exact de.

Géo- : « terre », depuis les Grecs.

Par voie de conséquence, « géolocaliser » un être vivant quel qu’il soit, c’est le localiser où qu’il aille.

 

Le pléonasme a fait le tour de la terre. Si bien qu’on a du mal à l’originolocaliser.
Naît-il avec le gépéhès, dont les initiales signifient sûrement Géolocalisation [Plus Simagrées] ? Point point. Global Positioning System, voilà l’identité du mouchard à voix de fille du sexe féminin.
Et puisque le système est global, il couvre par définition toute la surface où nous serions susceptibles d’organiser des crapahuts. Soit de la croûte terrestre à l’atmosphère.

Si le èfebihaye localise un individu dans un périmètre bien défini, les satellites localisent nos bagnoles et téléphones (jamais nous directement, tiens) dans leur propre rayon d’action, tout aussi défini. Où l’on voit que géo-, rapporté à l’immensité du cosmos, fait un peu petite bite.

Tout fiers de leur concept, les inventeurs voulaient sans doute signifier par là non pas localisation sur terre mais localisation n’importe où sur icelle.
Vu la définition ci-dessus, localiser n’importe où, est-ce bien localiser ? La question reste ouverte.

 

Quant à l’utilité de la chose, souvenons-nous de cette réflexion du poète :

There’s nowhere you can be that isn’t where you’re meant to be.

C’est simple.

Merci de votre attention.

all-you-need-is-love

é/er

 

Parmi les orthographicides méritant la guillotine, se détache de la tête et des épaules (sans mauvais jeu de mots) –er à la place de –é ou l’inverse. « Confusion » d’autant plus éhontée qu’elle touche toutes les strates de la société à commencer par votre entourage le plus proche. Combien d’êtres chers estimeriez-vous passibles de l’échafaud ?

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Je vais mangé ;
J’ai manger.

Rien que l’écrire me révulse. Pourtant j’en ai repris deux fois.
Sans rire, ne vous écorché-ce pas les yeux façon Chien andalou, ces infinitifs et participes passés sans queue ni tête (donc ce calembour, là, vous y tenez) ?

Personne doté d’un minimum de comprenette ne peut se méprendre sur la nature des premiers, des seconds, ni sur ce qui les distingue.

 

Vous l’aurez voulu. Retour au cours moyen. Au mur, le tableau des grands classiques : é/er, a/à, ou/où, sans oublier l’inénarrable et/est. Le tout avec mode d’emploi bien en vue y compris pendant les dictées. Déjà, sympa, le maître.
Doublement impossible de se gourer :

Je vais faire [quelque chose],
Je l’ai fait.

Ôtez-moi d’un doute, pas de place pour le doute, dites ?

Infinitif (er) = verbe nu comme un ver.
Participe passé (é) = action passée, c’est comme le Port-Salut, c’est marqué dessus hein.

Conjugaison, ça ? Logique pure, vous voulez dire.

Et pour les plus récalcitrants, moyen mnémotechnique de la dernière chance : remplacer par prendre.

Baveriez-vous :

Je vais pris ?
J’ai prendre ?

Arrêtez de l’écrire alors.

D’aucuns, joignant la mauvaise foi à la mauvaise volonté, iront mettre la faute sur le compte de la précipitation. Balivernes. Réciter l’alphabet, compter jusqu’à dix ne demandent pas plus d’efforts, même à toute berzingue.

 

On ne prétendra pas vaincre le je-m’en-foutisme orthographique ce jour. Mais si une ânerie peut être universellement évitée, c’est bien é/er. Notez que pour vous l’expliquer/prendre, j’ai pris sur moi/perdu un temps monstre.

Merci de votre attention.