Etre partout à la fois n’est pas donné à tout le monde. Dieu seul a le don d’ubiquité. Comme Il n’existe que dans les livres, on peut bien faire ce qu’on veut, y compris « s’ubiquiter » si ça nous chante.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
L’ubiquité donne d’autant plus d’ailes que sa prononciation diffère de celle d’équité, raide comme la justice. Notez d’ailleurs comme la langue est retorse : équité, équilibre, équinoxe mais équidistant et équilatéral. Dans le genre équivoque !
Ubiquité naquit « ubiquidité » en 1585 pour qualifier le fait d’« être présent partout ».
Les littérateurs de 1822 en donnent une définition plus précise :
faculté d’être présent physiquement en deux ou plusieurs lieux en même temps.
Car l’ubiquité, c’est comme les jeux vidéo : vous avez plusieurs niveaux.
Débutant : l’esprit se dissocie du corps, grâce à la méditation ou l’indigence des programmes télévisés.
Recordman du monde : la personne qui vous aime vous voit dans chaque voiture qui passe. Le don. On l’a ou on ne l’a pas.
Pour les joueurs confirmés, le marché anglo-américain propose également l’épithète ubiquitous.
Tout ça ne serait rien sans l’adverbe latin ubique, « partout, en tout lieu », où brille ubi, « où », raccourci pour quo-ibi, littéralement « quel endroit » (ibi = « y, là »).
Les Latins en raffolent, qui le mettent à toutes les sauces : ubilibet, « n’importe où », ubicumque, « en quelque lieu que », ubivis et ubiquaque, « partout ». Voire, dans le plus pur style marsupilami, ubiubi (qu’il n’est bien sûr palombienne de traduire).
Et sur nos côtes, aucun vestige d’ubi ? N’ayez crainte : le drôle a fait son chemin jusque jusque, terriblement bien planqué dans l’usque d’origine (us = ubs = ubis).
Si, dans une conversation à bâtons rompus, « oùsque » s’invite à la place de « où », vous saurez d’oùsque ça vient.
Merci de votre attention.