Par quel métal récompenser le quatrième ?

 

Depuis sa première compète, le quatrième se voit systématiquement attribuer la place du khôn. Au motif – tenez-vous bien – qu’il échoue au pied du podium. Il suffirait d’élargir les podiums pour contenter tout le monde, non ?
En plus, à ça de la troisième place, le pauvre mérite les honneurs au même titre que ses devanciers.

Du reste, on le sait depuis Mendeleïev et sa classification des éléments, ce ne sont pas les métaux qui manquent.

 

Vous qui faites partie de l’organisation, un bon geste. Le chocolat n’entrant pas dans le tableau susdit, il doit sûrement y avoir une médaille à la hauteur des efforts de l’autre tache.

 

Or donc, quelle attitude adopter ?
Réagissez en juge civilisé.
Plusieurs options s’offrent à vous :

 

♦  Choisissez un métal assez rare pour faire bisquer les trois premiers : tungstène, osmium, bismuth… Il n’est pas jusqu’au vainqueur qui n’accuse le coup.

 

♦  Pour peu qu’il pleuve lors de la remise des médailles, or, argent et bronze s’oxyderont de manière irréversible. Votre quatrième larron, lui, ne sera pas volé, avec sa médaille en inox.

 

♦  Demandez à la commission des météorites d’extraire des métaux inconnus (et donc extra-terrestres) en quantité suffisante pour une breloque. Façon d’ironiser au passage sur les performances surhumaines du trio de tête.

♦  Pourquoi s’arrêter au quatrième ? Couronnez comme il se doit les cinquième, sixième et tous les concurrents jusqu’au dernier (médaille de plomb). Vous respecterez ainsi l’esprit de Coubertin : l’important, c’est de participer.

 

Flegme et dignité, montrez de quel bois vous vous chauffez.

 

Bon gré mal gré

 

« Je vous serais gré » ou « je vous saurais gré » ? Vous ne serez jamais sûr ? Vous ne saurez jamais lequel est le bon ? Votre calvaire finira dans deux lignes et vous vous liquéfierez de gratitude.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

La gratitude, voilà la clé. Souvenez-vous qu’un merci est toujours gratuit et même gratifiant ; point n’est-ce pour des clopinettes.

Ne tournons pas autour du pot : le papy caché de gratitude n’est autre que gré, qu’on croise au gré d’autres locutions. Ne les citons pas contre votre gré.

 

Et le papy de gré ? Le latin gratus, « agréable, bienvenu, accepté avec reconnaissance » et autres débauches d’effusions.

Ce qui fait que tac, gré vaut « reconnaissance » depuis le XIe siècle. Accessoirement, on le retrouve blotti dans agréable, agrément et agréer. Z’aurez beau maugréer, c’est comme ça. Même les Anglo-saxons agree.

Ce qui fait que tac², on ne peut pas « être gré », qui serait l’infinitif de « je vous serais gré ». Etre + nom, c’est non : adjectif ou rien. Il est vrai que les exceptions « être colère » ou « être fort aise » ne facilitent pas la démonstration. Même les Anglo-saxons y vont de leur « I’d be grateful ». Ce qui revient à « être plein de reconnaissance » et non « reconnaissance ».

Pour que la rigolade soit complète, faites suivre de n’importe quel nom exprimant un sentiment :

je vous serais gratitude, variateur, céleri rémoulade…

 

Sachons gré à « savoir gré » d’être plus rationnel. « Savoir gré » à quelqu’un, c’est savoir ce que vous lui devez. Ou lui rendre grâce, pour rester dans la famille.

 

Un petit coup de Verlaine là-dessus ?

J’aime beaucoup Balzac, et je sais tous les grés du monde à M. Barbey d’Aurevilly de l’excellent chapitre qu’il a consacré à ce maître.

Gracias por su atención.