Prononcer

 

Comparez prononcer aux petits copains dénoncer, renoncer, énoncer, annoncer. Et osez dire que les fils ne sont pas du même père. Allez-y, osez un peu pour voir.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Réservons les préfixes au frais car le noyau dur n’attend pas. D’ailleurs, au cas où vous connaîtriez un noyau mou, merci de le signaler d’urgence au Pôle Européen de Physique Intégrale du Noyau (P.E.P.I.N.).

Faisons plutôt cracher leur latin aux verbes énoncés plus haut :

  • pronuntiare, « annoncer à haute voix, proclamer, déclamer ». Sens encore à l’œuvre dans « se prononcer » ou « prononcer une peine, une sentence » ;
  • denuntiare, « notifier, annoncer, déclarer » ;
  • renuntiare, « annoncer en retour, renvoyer » ;
  • enuntiare, « énoncer, faire savoir » ;
  • adnuntiare, « annoncer ».

 

Tout tourne donc autour du sieur nuntiare, « annoncer », tiré du « messager » nuntius, sur la provenance duquel on a encore des doutes. Dérive-t-il de l’indo-européen neu-, « crier, rugir » ? Ou de novus, « nouveau », d’où « celui qui apporte les nouvelles » ? Nuntius s’est en effet écrit nontius, avec le o de novus. Où nous mène la prononciation.

D’aucuns y voient même nutus déguisé (« signe de tête »), à cause de nuere, « faire un signe ». Celui-ci suffit-il pour « annoncer » quelque chose ? Oui, si c’est un « signe des dieux » numen. Où numen la prononciation.

 

Ah pis on le répète à longueur de blog, mes moutons : surveillez votre prononciation, tout le monde peut vous entendre.

Merci de votre attention.

 

Fulgurance #106

Pourquoi le père Noël ne fait-il pas les anniversaires ?

Pour ne pas décevoir les natifs du 25 décembre. Il n’a pas quatre bras.

Où étiez-vous le jour de votre naissance ?

 

Le souffle de l’Histoire vous électrise à chaque événement majeur survenant de votre vivant. Vous savez ainsi où vous vous trouviez lors du premier pas sur la lune, certain 11e jour de septembre ou lors de la dernière victoire d’un Français à Roland-Garros, selon la génération qui vous a vu naître.

Précisément, comment se fait-il que vous ne gardiez aucun souvenir du moment où vous vîntes au monde ? Etiez-vous occupé(e) à ce point ?
Consultez une population donnée sur la question, vous aurez invariablement affaire à 100% d’amnésiques.

 

Pas croyable, une distraction pareille. Il s’agit de votre entrée en scène, je vous rappelle – un jour à marquer d’une pierre blanche.
Retrouver des témoins capables de vous rafraîchir la mémoire s’impose.

 

Or donc, quelle attitude adopter ?
Réagissez en ex-nouveau-né civilisé.
Plusieurs options s’offrent à vous :

 

♦  Si vous avez partagé le placenta en colocation pendant neuf mois, demandez à votre jumeau de vous refaire le topo, il était aux premières loges.

 

♦  On peut dire que vous lui devez une fière chandelle. Mais – inconséquence, quand tu nous tiens – vous avez perdu tout contact au sortir de la maternité ! Lancez-vous à la recherche de la sage-femme, il n’est jamais trop tard pour exprimer votre gratitude.

 

♦  Prenez soin de tout consigner dans un journal intime dès le premier jour. Contrainte qui au surplus apportera à votre autobiographie une authenticité inattaquable.

faire-part-naissance

♦  Gardez le faire-part de votre naissance comme pièce à conviction. La candeur touchante avec laquelle vous y déclinez noir sur blanc vos type et identité garantira la sincérité de l’alibi.

 

Flegme et dignité, montrez de quel bois vous vous chauffez.