Avec un nom aussi génial, le plus dur était fait. Que l’auteur de cette trouvaille se dénonce, il aura le droit de lécher le plat à vie.
Quand on s’appelle 180°C, on a tout compris à la cuisine. Ce bel objet – on n’ose dire « revue » tant le contenu, dense, l’allure, sublime de simplicité, incitent à le garder jalousement à l’abri du graillon – paraît deux fois l’an, à raison de 180 pages l’unité (et si y’en a un peu plus, ils vous le mettent quand même).
Encore une feuille de chou dédiée à la boustifaille, pestez-vous. Z’avez pas fini de faire la fine bouche ? Trois repas par jour supposent de bien savoir sous quelle table on met les pieds.
180°C les met dans le plat. Au hasard des pages du dernier numéro, on découvre les règles de la cuisine « télé-crochet », édictées par Lucifer (sic). Le ton est léger comme une mousse, à des années-lumière du dénigrement de la malbouffe façon disque rayé.
Car dans 180°C, tout est juste. Et drôle, très très très drôle. Impitoyable même, dès qu’une mode devient trop abstraite pour les épicuriens que vous êtes. A côté, le présent blog fait figure de pipi de chat émulsionné à la petite bière et brisures de roupie de sansonnet.
C’est le format « mook » – ce livre-revue reléguant les autres parutions au rang de touille-salade – qui permet cette écriture non formatée, où la connivence est dans les détails (comme le diable, toujours lui).
Comme quoi, la cuisine, il y a ceux qui en parlent et ceux qui la font. Sous le vernis du pittoresque, en autant de pages que nécessaire, on partage ainsi la vie de permaculteurs normands. Ou d’un chef étoilé autodidacte, à l’écart des sirènes médiatiques. Quant au gâteau brioché au chocolat, c’est celui de mamie Reine et pas un autre, le cliché en fait foi.
La devise « des recettes et des hommes » annonce d’ailleurs la couleur (et avec elle le surtitre Reportages/Réflexion/Humeur/Recettes, dans cet ordre). Le tout frais Traité de miamologie, concocté quasiment comme un hors-série, prend même la peine de décrypter pour vous « les fondamentaux de la cuisine par le pourquoi », en croisant théorie (découper/assaisonner/cuire, la sainte trinité) et pratique la plus quotidienne (personne jusque-là n’avait cru bon d’expliquer pourquoi l’ail des patates sautées n’entre en scène qu’à la fin, rogntûdjû). Rien que pour ça, l’équipe des bienfaiteurs au grand complet mérite des poutous. Baveux bien sûr.
Ruez-vous les cocos, certains numéros sont déjà épuisés.