Couard

 

Soyons honnêtes, le charme de couard est avant tout phonétique. Les synonymes sont au même tarif : veule, pleutre, pusillanime… Seules poule mouillée et couille molle échappent à cette règle. Pour qu’on ne les accable pas davantage sans doute.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Les plus observateurs relèveront que couarde est pour ainsi dire inusité. Si les filles du sexe féminin ont, de fait, moins froid aux yeux que leurs congénères, comment leur balancer des [kwaʁd] à tire-larigot ? Heureusement, il nous reste [kwaʁdiz].

 

En parlant de ça, vous doutiez-vous que couard cachait une histoire de queue ? ‘Tention, c’est pas ce que vous croyez.

Coue, cüe et cöe, versions d’essai de notre queue, ont poussé sur le latin coda, bien connue des musicos pour indiquer la fin d’un morceau, variante de cauda, bien connue des pêcheurs et poissonniers manipulant la nageoire caudale de la bête.

Un suffixe péjoratif pour emballer le tout et en voilà un « qui porte la queue basse », signe de soumission s’il en est.

Les premiers dicos l’écrivent d’ailleurs quouard tout en mentionnant qu’

on escrit coüard.

Faudrait savoir. Quels couards, ces zacadémiciens.

Coi c’il en soit, le petit chéri s’exporte bien : les Espagnols ont leur cobarde quand les Anglais y vont de leur coward. Se faisant d’autant moins prier que queue existe aussi chez eux, si elle est leu leu.

 

En cherchant bien dans le registre littéraire, on peut aussi dénicher couardement et couarder. Puisque tout est permis, proposons dans la même veine couarderaie, couardissimo, quetzalcouard et recouard (couard devenu courageux avant de replonger).
Couard est si lâche qu’on peut le triturer sans crainte.

Merci de votre attention.

 

Vasistas

 

Profitant d’un séjour dans sa ville natale, un Prussien se planta devant la maison de son enfance, retira son casque à pointe et, tout ému par le souvenir de ses quatre cents coups au sous-sol, soupira :

Ach ! Zoupirail

Puis, levant la tête et considérant les changements apportés à la façade par les nouveaux propriétaires, il vit le Velux et s’exclama, avec sa candeur naturelle :

Ach ! Was ist das ?

Depuis ce jour, impossible de confondre soupirail et vasistas.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Est-il besoin de rappeler en effet que le soupirail est une

ouverture pratiquée à la partie inférieure d’un édifice, pour donner un peu d’air et de jour à une cave, à un sous-sol ou à un autre lieu souterrain.

Aux antipodes du vasistas, ce

petit vantail vitré pivotant, ménagé dans une porte ou une fenêtre, que l’on peut ouvrir indépendamment de celle-ci.

 

C’est bien beau mais les vasistaux (trop bête, cette étymo, alors hein, on accorde comme on veut), les vasistaux modernes donc, ne seraient-ils pas ce que l’on appelle, pas plus tard que ci-dessus, des Velux ? Marque déposée, comme la majuscule l’indique : Ve pour ventilation, Lux = lumière, y’a pas besoin d’en être une. De fait, le langage courant a tendance à désigner par velux (voire vélux pour les plus téméraires) le vasistas du toit, ce que déplore le fabricant qu’est rien qu’un pisse-froid. Parce qu’à tous les coups, cette « ventilation » servie en guise d’explication officielle, c’est du vent. On ferait mieux d’admettre que ce v n’est autre que celui de vasistas.

 

Et pis d’abord, notre Chleu ne s’écria point

Ach ! Weh luchs !

tout à l’heure.

Velux ne pouvait donc pas devenir un nom commun. Ça tombe bien, on aurait été drôlement embêté pour le pluriel.

Merci de votre attention.