Comment atterrir sans piste d’atterrissage ?

 

Ainsi que le Grand Scénariste l’a décidé (si tant est qu’il soit assez khôn pour vous fourrer dans des draps pareils), vous devez atterrir d’extrême urgence. Or il n’y a pas de piste où vous poser.

Vous ne vous êtes tout de même pas tapé des années d’études et des batteries de tests en veux-tu en voilà pour vous crasher comme un vulgaire kamikaze.

 

Les terres atterrissables se font rares. Tant que ce paramètre vous échappe, vous aurez beau manier votre engin comme un dieu, personne ne viendra vous applaudir à l’arrivée.

 

Or donc, quelle attitude adopter ?
Réagissez en casse-cou civilisé.
Plusieurs options s’offrent à vous :

 

♦  Si c’est une blague de vos amis aiguilleurs du ciel, elle est de très mauvais goût. Encore un coup comme ça et vous vous arrangerez pour leur sucrer leur paye à la fin du mois. Chacun son tour.

♦  Volez en contre-Canadair et brûlez tout ce qui traîne au-dessous. Au deuxième passage, vous pourrez sortir le train d’atterrissage.

 

♦  On ne pense jamais à l’hydravion. Et c’est injuste car cette merveilleuse invention tient compte d’un principe simple : autant amerrir sur les 70% d’eau qui composent la planète. Evitez juste les quarantièmes rugissants ou alors vous le faites exprès.

 

♦  Vous êtes bien difficile. Pourquoi vous faut-il absolument un tarmac à n’en plus finir ? A défaut de piste assez longue, augmentez la puissance de freinage, avec des freins d’autobus par exemple.

 

♦  Prenez place à bord d’un modèle miniaturisé, du type de ceux qui vous donnèrent la vocation lorsque vous mangiez encore vos crottes de nez. Demandez à ce qu’on vous largue pas trop loin de chez vous et si possible sur le rebord de la fenêtre de votre chambre car vous êtes vanné(e).

 

Flegme et dignité, montrez de quel bois vous vous chauffez.

 

Plafond

 

Inutile d’aller chercher un hypothétique plafundus originel. Z’allez sauter au plafond : littéralement, un plafond est un « plat fond ». Sans être spécialement bas de plafond, les verlanophones n’ont rien inventé.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

A ce compte-là, qu’est-ce qu’un faux plafond sinon un fond plat faux ? A la place du peintre, on engueulerait le géomètre. Ou on enverrait pètre le géomeintre (ce qui revient au même).

 

Les architectes à qui on n’avait rien demandé commencent à causer platfons en 1546. Attesté dans sa graphie actuelle une poignée d’ans plus tard, on l’écrit encore platfond ou plat-fond jusqu’au XVIIIe siècle.

 

Au fond, vous aviez raison : il y a du fundus là-dessous, le fond de toute chose en latin. Voyez le s ? Il s’est blotti dans fonds, sans lequel en effet on rechigne à attaquer les travaux et on boude dans son coin. L’indo-européen commun bhudh- a d’ailleurs valu aux Zanglais leur bottom et aux Gaulois la bonde que nous remplissons à ras bord.

Quant à plat, le latin des rues plattus l’a volé à l’étalage chez le grec ancien platus, lui-même copié-collé de l’indo-européen plat-, « étaler ». Dirait-on pas le cri de la couche de peinture le soir au fond des bacs ? Meuh alors.

 

Reconnaissance ultime : les lampes qu’on applique au plafond portent le doux nom de plafonnier. Quant à plafonner, il équivaut plus souvent à « être au taquet » qu’à « poser du placo », il faut bien le dire.

 

La prochaine fois, nous nous attaquerons au plancher. Il y aura du pain sur la planche.

Merci de votre attention.