« Péter une pile »

 

L’être humain « pète une pile » dès qu’il en a l’occasion. S’il savait ça, le père Volta se retournerait dans sa tombe. En respectant le sens de polarité. En tout cas, sans « péter une pile » le moins du monde, puisque c’est physiquement impossible.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Jusque-là, dans le registre du pétage de plombs, « péter un câble » et « péter une Durit » se taillaient la part du lion. Cette dernière expression ressuscitait même un tube de caoutchouc dont le seul charme reposait sur l’orthographe un rien retorse.

Sans doute ne suffisait-ce point à notre bonheur puisqu’on crut bon de mêler les piles à tout ça. En leur accordant la même légitimité qu’aux câbles ou aux flexibles susmentionnés. Grave erreur.

 

Car, chacun peut le constater, une pile est parfaitement impétable. Tâtez son armature en dur. Il faudrait se lever aux aurores pour en venir à bout. Seuls ceux qui assemblent des piles ont l’honneur d’en voir les deux moitiés. Les autres en seront quittes pour s’acharner comme des khôns toute leur vie durant – parfois sur la même Duracell.

Et, à supposer que la chose soit faisable, c’est l’image elle-même qui est insensée.
Que dit-on d’une pile qui lâche ? Qu’elle est « morte ». Aux antipodes des étincelles censées surgir d’un quelconque pétage.
Chez celui qui « pète un câble » au moins, les dégâts sont patents : il sort de ses gonds. Rupture de câble = tous aux abris. Mais pour une LR6 AA 1,5V ?

 

On peut contester le plus rare « pétage de boulon », vu la nature intrinsèque du boulon. N’empêche, il conduit immanquablement à la fureur de la machine. Privée de pile, celle-ci se contentera de bouder.

 

De toute façon, vu le métal contenu dans les piles, il n’est dans l’intérêt de personne d’en péter. Aussi, calmos.

Merci de votre attention.

 

Surpoids

 

Replets, replètes, vous conviendrez qu’on ne s’habitue guère au surpoids. Et pour cause, il n’y a qu’un poids, point. Ou alors il faudrait aussi parler de sous-poids. Les plus inchatouillables physiciens s’en feraient dessus.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Prenez l’obèse du Guinness des records. Il se contente, comme nous tous, de peser son poids, qui est absolu (mais qui est surtout énorme). Tout surpoids ne serait pas homologué. D’ailleurs y’a pas besoin de l’accabler davantage, le gros.

Et taille ? Pas de sur- qui tienne. Mesure-t-on la surtaille du grand schlaqué du Guinness des records ? Non, une fois la toise retirée et l’escabeau replié, on lui fout une paix royale. En l’appelant éventuellement « grand », en signe d’affection.

Et pour l’ascenseur bondé qui ne parvient pas à décoller, n’est-ce pas le surpoids qui est en cause ? Plutôt une « surcharge pondérale », expression à ne surtout pas appliquer à ses occupants, même bien en chair, sous peine de verser dans le surpolitiquement correct.

 

Au même titre que non-voyant, malentendant ou hypernerveux, surpoids est un terme clinique monté de toutes pièces par la gent diététicienne désireuse de vendre son bifteck bio ne froisser personne. L’effet produit est exactement l’inverse.
Pendant ce temps-là, que devient embonpoint ? On le laisse choir comme une demi-crotte, alors qu’il mériterait une étymo à lui tout seul.

 

Must du must, surpoids est toujours introduit par le trop fameux « être en » pour former – défense de rire – « être en surpoids ».
Est-ce à dire qu’« être en poids normal » nous pend au nez ? Ça reste avoir.

 

Patapoufs, patapoufs, relativisez. La prochaine fois que la balance vous renvoie votre surpoids à la figure (en décrivant une courbe au-delà des bourrelets), dites-vous bien qu’elle surpèse.

Merci de votre attention.