« Dédiabolisation »

 

Néologisme bâti sur un néologisme, seulement usité des journaleux croyant déjouer la com’ d’un parti dont on a ras la moustache par ailleurs : ce vilain mot n’a décidément rien pour plaire.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Parce que, m’arrêtez si je me trompe, pour qu’il y ait « dédiabolisation », il faut une « diabolisation » préalable. En d’autres termes, « noircissement de tableau », « désinformation », « caricature » d’un programme et d’un chef pourtant respectables.
Tiens, voulez qu’on jette un œil à son casier, pour être sûr ?
C’est bien parce que c’est vous (et encore, en raccourci pour pas vous couper l’appétit) :

  • 27 avril 1964 : condamné pour coups et blessures volontaires ;
  • 16 janvier 1969 : condamné à trois mois de prison avec sursis et 20 000 F de dommages et intérêts pour coups et blessures volontaires ;
  • 14 janvier 1971 : condamné à deux mois de prison avec sursis et 10 000 F d’amende pour apologie de crime de guerre ;
  • 11 mars 1986 : condamné au franc symbolique pour « antisémitisme insidieux » ;
  • 16 novembre 1987 : condamné à 3 000 F d’amende et 8 000 F de dommages et intérêts pour « provocation à la haine, la discrimination et la violence raciale » suite à la distribution d’un tract électoral.
    Lors du même procès, condamné pour les mêmes chefs d’accusation à 5 000 F d’amende, pour avoir déclaré le 14 février 1984 lors d’une émission télévisée que « le monde islamo-arabe » constituait un « danger mortel ».
  • 23 mai 1990 : condamné à verser un franc symbolique aux parties civiles (associations antiracistes et de déportés d’Auschwitz) en réparation du préjudice subi par cette déclaration du 13 septembre 1987 : « Je ne dis pas que les chambres à gaz n’ont pas existé. Je n’ai pas pu moi-même en voir. Je n’ai pas étudié spécialement la question. Mais je crois que c’est un point de détail de l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale. (…) Si, c’est un point de détail au niveau de la guerre ! Voulez-vous me dire que c’est une vérité révélée à laquelle tout le monde doit croire ? Que c’est une obligation morale ? » ;
  • Janvier 1991 : condamné pour « trouble manifestement illicite à l’ordre public », la cour ayant jugé que « stigmatiser l’immigration qui représenterait un danger aussi grave que [le Sida] porte une atteinte intolérable à la dignité des malades, qui ont droit au respect et à la solidarité et également une atteinte intolérable à la dignité des populations immigrées » ;
  • 3 juin 1993 : condamné à 10 000 F d’amende pour « injure publique » au ministre de la Fonction publique Michel Durafour, appelé « monsieur Durafour-crématoire » ;
  • 8 novembre 1995 : condamné à un redressement de 1,4 million de francs pour « oublis de plus-value boursière et sous-estimation de loyer » (y’a pas que la haine dans la vie) ;
  • 4 juillet 1997 : condamné à 5 000 F d’amende pour avoir traité le président de SOS-Racisme de « gros zébu fou » lors d’une conférence de presse ;
  • 26 décembre 1997 : condamné à 300 000 F de consignation pour diffusion du jugement dans des journaux et à verser jusqu’à 5 000 F de dommages et intérêts à onze associations plaignantes pour « banalisation de crimes contre l’humanité, consentement à l’horrible » en ayant déclaré publiquement : « Dans un livre de mille pages sur la Seconde Guerre mondiale, les camps de concentration occupent deux pages et les chambres à gaz dix à quinze lignes, ce qui s’appelle un détail » ;
  • 2 avril 1998 : condamné à un an d’inéligibilité, trois mois de prison avec sursis et 8 000 F d’amende pour « violences sur personne dépositaire de l’autorité publique dans l’exercice de ses fonctions » ;
  • 25 novembre 1998 : condamné à verser 10 000 F de dommages et intérêts à l’Union des étudiants juifs de France pour avoir déclaré : « je crois à l’inégalité des races » lors d’une université d’été du FN ;
  • 8 février 2008 : condamné à 10 000 € d’amende et à trois mois de prison avec sursis pour « complicité d’apologie de crimes de guerre et contestation de crime contre l’humanité », en raison de propos publiés en 2005 dans l’hebdomadaire Rivarol : « En France du moins, l’Occupation allemande n’a pas été particulièrement inhumaine ».

 

Voyez que y’avait pas besoin de « diaboliser » la bête, elle s’en est très bien chargée toute seule, l’immonde.

Or, c’est ce gars-là qui en son temps serinait sur les plateaux qu’on voulait le « diaboliser ». Tout fiérots d’articuler « dédiabolisation » sans perdre une syllabe, les interviewers et zanalystes politiques actuels se rendent-ils bien compte que c’est son expression qu’ils reprennent à leur compte ?

De deux choses l’une :
– Soit les médias ont « diabolisé » sans raison la petite entreprise familiale (dont le père est toujours président d’honneur) et il y aurait urgence à « dédiaboliser » celle-ci. Mais s’ils l’ont fait sans raison, c’est qu’elle n’a jamais été xénophobe ni même d’« extrême-droite » (tant qu’à faire). A ce moment-là, pourquoi « dédiaboliser » ?
– Soit on a « diabolisé » à juste titre et la « dédiabolisation » consiste à tout planquer sous le tapis en n’étant plus ouvertement nauséabond.

 

C’est pas fifille qui risque de se faire pincer heureusement, elle passe son temps à sourire. Avec un naturel et une spontanéité très photogéniques, surtout entre deux nazillons rhodaniens. M’enfin c’est un détail, ça. De l’histoire anzienne.

Merci de votre attention.

 

« Multibraqué »

(Un bug inhabituel nous oblige à aligner le texte qui suit à l’extrême droite. D’avance pardon.)

Interrogé sur une histoire de joaillier proposant du calibre à ses agresseurs, le porte-parole d’une faction bleu marine avoue ne pas savoir comment il aurait réagi dans la même situation, rappelant que l’intéressé avait été « multibraqué ». A cette excuse servie sur un plateau, notre sang ne fait qu’un tour, comme celui de l’auteur des pruneaux.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Que le néologisme émane d’un membre de ce groupuscule familial du siècle dernier ne surprendra personne. Z’inventent des chiffres, ils peuvent bien inventer des mots.
Qu’il en dise long sur la pompe de celui qui le prononce, ça n’est pas le plus navrant. Une paire de multibaffes dans sa gueule suffirait à régler le problème.
Non, ce qui dans « multibraqué » met les poils au garde-à-vous, c’est sa saveur procédurière, ce goût chimique de statistique ne souffrant aucune discussion. Le « multibraqué » est aux « braqués » simples ce que le handicapé au macaron est aux automobilistes qui tournent comme des khôns.
C’est bien simple, on le jalouserait presque.
L’empathie qu’on pourrait éprouver pour le gars est symétriquement égale à notre aversion pour le multirécidiviste cher au jargon des Sceaux. Le sociopathe incurable et le poissard congénital, chacun à sa manière, attirent les zemmerdes.

Il en va de même d’ailleurs avec n’importe quel objet multifonctions, dont l’aura magique s’évanouit aussitôt les fonctions examinées dans le détail.

Mettons que votre appartement soit visité deux fois ou plus pendant votre absence. Déjà, estimez-vous heureux qu’on vous ait débarrassé de ces appareils merdiques une fois pour toutes. Mais surtout, faites jouer le « multicambriolage » auprès des assureurs. Que l’on soit pendu par les gonades s’ils ne vous ramènent pas aussitôt les voleurs menottes aux poignets.

Une équipe de Roms, probablement.

Merci de votre attention.

Les despotes sont nos potes

 

Guettez bien. Chaque fois que l’ONU fait les gros yeux à tel ou tel tyran du Moyen-Orient mettant son pays à feu et à sang, on se met illico à l’appeler par son petit nom : qui Bachar, qui Saddam

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Certes, trois fois certes, les types en question sont de gros affreux qui méritent qu’on se réfère à eux comme au mal absolu. Personnages inhumains pour tout dire, que la disparition du patronyme met à distance respectable de nous. Et identifiables d’emblée dans le grand scénar de l’actu. Mais quoi, c’est un peu comme si on les appelait Gargamel, non ?
« On », c’est les journaleux, vous aurez reconnu. Mais pas que.

En scrutant les autochtones au faîte de l’oppression, hurler leur rage face aux caméras zoccidentales, on parvient, sous la traduction, à discerner cette troublante familiarité en VO. Viendrait-ce pas d’une particularité géographique ?
Pas de vouvoiement dans cette région du monde, en effet. Ça n’explique pas bézef le caractère facultatif du nom de famille. Encore moins pourquoi nous reprenons la chose à notre compte de ce côté de la Méditerranée et jusque dans le discours de l’administration Barack ou George Deubeuliou auparavant.

Et Charlemagne ? Et Napoléon ? Quid d’Elizabeth ? On peut parler, nous, avec nos monarques ! Méchants (Ivan le Terrible), gentils (Louis XV le Bien-Aimé), tous à la même enseigne : la gloire tient dans le prénom, puisque le pouvoir est de droit divin.
Justement, l’est un peu derrière nous, ce temps-là. En quel honneur mettrait-on sur un piédestal des « guides » qui ont le « suprême » d’une pintade ratatinée, vu le joug subi par ceux d’en dessous ?

D’ailleurs, ç’a commencé quand, cette histoire ? Pas du temps d’Arafat, en tout cas. On n’a pas souvenir que le moindre envoyé spécial lui ait donné du Yasser et pourtant le drôle faisait bougrement partie des meubles. D’ailleurs, nombre d’entre vous ont longtemps cru que son véritable blase, au Yassé, était Rarafat (je le sais).
babar

Allez, vivement l’Eté arabe, qu’on oublie jusqu’au prénom de ces encombrants.

Merci de votre attention.