In the baba

 

Tout bien considéré, cet individu que vous estimiez naguère est en fait un « enculé ». Si ça peut vous consoler, dites-vous que l’injure n’a pas lieu d’être.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Terme injurieux : « Espèce d’enculé ».

Nul besoin de dictionnaire pour nous rappeler ce qu’est un enculé. L’Italien, qui a le vaffanculo ! facile, prend encore des gants : son enculé n’est qu’en devenir.

Mais à la réflexion, l’enculé n’est-il pas victime de son sort ? Dans l’histoire, s’il fallait vouer quelqu’un aux gémonies, ce serait plutôt l’enculeur. On connaît des mouches que cette perspective séduirait.

 

D’ailleurs, on ne dit jamais « une enculée ». Au féminin, la connotation sexuelle reprend ses droits aussi sec.

Bien la preuve que se laisser aller à traiter une pourriture d’« enculé » est une forme d’homophobie refoulée. Tout comme « gros pédé », « grosse folle » ou « grosse tata », qui ne visent pourtant ni les gros, ni les fous, ni la famille particulièrement. Allez comprendre.

« Enculé » constitue-t-il alors une discrimination envers les homos ? N’employons pas, mes moutons, des mots en vogue sans en penser un seul. La communauté gay ne se sentira pas offensée, pour la bonne raison que cela suppose qu’il y ait une « communauté hétéro ». Ce qui, entre nous, est à pisser dans la culotte de son voisinenculé notoire, pour le coup.

 

La charge péjorative d’« enculé » se dégonfle donc telle une verge post coïtum.
A cet égard, la trajectoire de son compère enfoiré est intéressante. D’invective suprême, l’adjectif est devenu, quand je pense à toi je pense à moi, la tendresse incarnée. « Enculé » empruntera-t-il le même chemin ? C’est peu probable.

 

Hors de l’alcôve, on ne le sait que trop, se faire enculer est rarement volontaire. Frais supplémentaires, publicité mensongère, duperies en tous genres : nous sommes tous — profondément — des enculés.

Merci de votre attention.