Comment faire une chouille à tout casser quand on est un radin fini ?

 

Anniversaire, événement marquant, climat barbecuesque, ce ne sont point les occases de festoyer qui manquent.
Seul hic : vous êtes un(e) rapia notoire.
Cela doit-il pour autant vous empêcher de mettre les petits plats dans les grands ?

 

S’il vous reste des amis (car l’amitié a parfois ses mystères), ne lésinez pas sur les moyens et, sans faillir à votre réputation, garantissez-leur une bamboula dont ils garderont un souvenir intact.

 

Or donc, quelle attitude adopter ?
Réagissez en pingre civilisé.
Plusieurs options s’offrent à vous :

 

♦  Ne prenez pas tout en charge. L’altruisme étant la plus noble des qualités, invitez vos hôtes à participer équitablement aux frais de la nouba. Attendez néanmoins la fin d’icelle pour leur envoyer la note.

 

♦  Un hérisson dans le porte-monnaie ? Sortez-le précautionneusement et installez-le au milieu de la rue. Rigolade assurée au moment où les pneus de vos convives tâcheront d’éviter l’animal.

 

♦  Prévoyez les festivités chez quelqu’un d’autre tout en passant officiellement pour l’organisateur. Vous aurez ainsi l’immense satisfaction de ne pas devoir passer l’aspirateur avant ni après.

♦  Plutôt que d’investir dans des lampions par trop rebattus, lancez-vous dans l’élevage de lucioles. Une fois la fiesta finie, offrez-les au hérisson, juste récompense pour avoir survécu.

 

Flegme et dignité, montrez de quel bois vous vous chauffez.

 

Comment ne pas léser Noël à Noël ?

 

Pour changer, pensons un peu à Noël. Le seul, l’unique, le vrai, cet ami proche auquel ses parents n’ont pas fait de cadeau en l’appelant comme ça ah non alors.

Vous rendez-vous compte qu’au milieu de cette dégoulinade de gentillesse, de cette frénésie illuminée, un être souffre en silence ?

 

Parce que le jour J, c’est plus la Noël que l’on célèbre que le saint du même nom. Virage de cuti ajoutant encore à l’humiliation, sans compter les jeux de mots douteux.

Pour couronner le tout, l’oiseau a trouvé le moyen de naître un 25 décembre. Autant dire qu’on ne lui chante jamais « happy birthday to you », à lui, trop occupé qu’on est à entonner l’avènement de l’autre. D’ailleurs, sur la bûche déjà surchargée, impossible de faire tenir la moindre bougie.

Quant à la distribution de paquets, pardon. Non seulement vous n’offrez pas plus de cadeaux à Noël à Noël, mais Noël est tenu de vous en souhaiter un joyeux alors que c’est sa fête et son anniversaire.

Et ainsi chaque année depuis toujours. Pas étonnant qu’il ait les boules, Noël. L’injustice n’a que trop duré.

 

Or donc, quelle attitude adopter ?
Réagissez en pote civilisé.
Plusieurs options s’offrent à vous :

 

♦  Pour mettre fin à son calvaire, trouvez-lui un autre blase. Privilégiez les noms peu usités du calendrier : Thècle, Zéphyrin, Crépin, Assomption… Vous pouvez être sûr que tout le monde se souviendra de sa fête.

 

♦  Décalez la bamboula d’une semaine en priant pour qu’il vous reste assez d’entrain le premier de l’an.

 

♦  Proposez à Noël d’adopter la nationalité anglaise ou allemande. Ainsi, impossible de le confondre avec Weihnacht ou Christmas.

25-decembre-2

♦  Si ça peut consoler votre ami, rappelez-lui que le père Noël répand lui aussi le bonheur autour de lui en ne demandant rien en retour. Pire, on n’est même pas sûr qu’il existe.

 

Flegme et dignité, montrez de quel bois vous vous chauffez.

 

Sur les pavés la plaie

 

Si vous lisez ces lignes à même le smartphone, rangez-moi ça deux secondes et écoutez celle-là : en Nipponie, on construit des trottoirs dédiés aux drogués de ces khôchonneries. Pour « communiquer » zen, sans doute.

Mais revenons à nos hitsujis, moutons.

Sans verser dans le vieux-khônnisme à tout crin, si l’individualisme était galopant, il a fini sa course. Pour venir s’échouer sur ledit trottoir.
Les études l’ont montré, la trajectoire du tapoteur intempestif recoupe celle de l’homme bourré. Souriez, souriez ! Les urgentistes, eux, ne rigolent plus du tout à force de devoir rafistoler les blaireaux tombés dans l’escalier faute de décoller le nez de leur joujou.

Depuis l’invention du walkman – une paille -, on ne s’étonne plus de rien. Si la technologie permet de flâner dans sa bulle, pourquoi ne pas en profiter pour signifier « j’emmerde mon prochain » dans l’espace public ?

 

Mais, outre le coût de l’infrastructure, hors même de toute considération sociologique, l’affaire est débilos à plusieurs titres :

– elle limite les zaccidents avec les piétons normaux, certes. Mais quid des blaireaux qui viennent en face ? Ils se font tout autant rentrer dans le lard. Prochaine étape : des routes spéciales blaireaux, à collisions mutuelles.

– emporter tous ses contacts avec soi en vue de leur tapoter de partout est une perspective alléchante. Mais en mettant un pied devant l’autre ? Impossible. Un texto écrit à l’arrêt, c’est déjà pas toujours beau à voir, alors en mouvement ! Z’aurez beau goudronner exprès, on ne défie pas impunément toutes les lois de l’univers.

– pis de surcroît, c’est en battant le pavé que le cerveau s’aère. Si à leur âge les Nippons n’ont pas compris ça hein, c’est que l’idée des trottoirs leur est venue en tapotant.

 

D’ailleurs, à l’heure où nous mettons sous Press, ils sont en pleine année du mouton.
En voilà une qui tombe à pic.

Merci de votre attention.

 

Merde-à-celui-qui-le-lira

 

Pour peu qu’un écriteau, une enseigne, un fronton, un hiéroglyphe quelconque vienne à croiser le regard du touriste, son premier réflexe sera de le lire à haute voix. Et ce, quel que soit le degré de pittoresque de la chose (jusqu’à bien au-dessous de zéro).

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Vu la mine réjouie de l’intéressé, essayons tant bien que mal de tenter de nous mettre dans sa tête. Qu’est-ce qui le pousse à retrousser les babines pour déchiffrer tout haut ?

 

* Est-ce pour retrouver le plaisir du bambin apprenant à lire, pour qui le moindre énoncé est prétexte à s’époumouner ? Non, car depuis le cours primaire, la fierté de montrer à qui veut l’entendre qu’on possède des rudiments de lecture s’est tarie, sans aucun doute.

 

* Est-ce pour mieux s’approprier l’inscription ? Non plus, son second réflexe, quasi-concomitant au premier, étant de l’immortaliser en photo (en vain puisqu’il ne la regardera plus jamais par la suite).

 

* Pour mieux en faire profiter la cantonade alors ? Tout juste peut-on trouver un début d’explication de ce côté-là : le découvreur grille ses potes. Or il lui suffirait de les attirer par la manche sans un bruit pour ne pas éventer leur propre plaisir. C’est donc qu’il ne les considère pas comme de vrais potes.

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Rendons-nous à l’évidence : de même que le gniard de tout à l’heure se plaît à recenser tout ce qu’il reconnaît, il est dans la nature du badaud loin de chez lui de tout commenter bien fort. En accordant d’autant plus d’importance aux détails insignifiants qu’ils lui rappelleront tel ou tel de son coin à lui.

 

Pour ne plus subir ces lectures publiques intempestives, la seule solution serait d’expédier le touriste en Chine. Ou dans tout autre pays de sauvages où l’alphabet local n’évoque rien de connu.

Mer-ci-de-votre-at-ten-tion.

 

Pote

 

On peut, paraît-il, réveiller un vrai pote à quatre heures du matin. Dans ce cas, mettez-vous à sa place, tiré(e) du sommeil du juste pour se fader vos salades en tentant d’aligner les deux-trois trucs sensés qui vous couperaient la chique au plus vite avant que sa nuit ne soit définitivement foutue. Vous aviez plus d’égards pour votre nounours, ce me semble.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Avec son o grand ouvert et sa simplicité bonhomme, on peut en tout cas rebondir sur le pote en toutes circonstances, ce compagnon de quatre cents coups, ce vieux camarade, cet autre vous-même. La notion de pote est large, qui lie parfois des membres d’une même communauté sans relation d’amitié a priori, témoin le fraternel « Touche pas à mon pote ».
Il n’est pas rare du tout de se donner du pote sans avoir aucune affinité particulière avec icelui :

Non mais tu sais pas sur qui t’es tombé, mon p’tit pote !

 

Or on l’a perdu de vue, le mot est formé par apocope sur poteau, ami fidèle s’il en est. Du pur argot, qu’on a moins fréquemment le plaisir de croiser que pote, si ce n’est chez Renaud dans sa Chanson pour Pierrot (si vous voulez pleurer un coup, c’est par là) :

Pierrot, mon gosse
Mon frangin, mon poteau
Mon copain, tu m’tiens chaud
Pierrot.

Pas plus stable en effet que l’inamovible poteau, arraché du latin postis (« jambage de porte ») et replanté en françois début XIIe, assez brave pour maintenir et supporter tant et plus… En voilà une image qu’elle est parlante !

 

J’en vois déjà qui font la moue, regrettant la disparition du pote au profit d’« amitiés » virtuelles avec de parfaits inconnus, des boulets qu’on croyait semés pour toujours, de vagues connaissances, des déjà amis dans la vie, son père, sa sœur, son chien…
Au contraire, le véritable pote, celui ou celle qui tient sur les doigts d’une main (et encore, de Mickey), en sort grandi. Les rézosocios auront eu raison de l’ami, ils ne toucheront pas à mon pote.

Merci de votre attention.