Il n’y a qu’en rase campagne que vous vous risquez à tendre le pouce. Pas étonnant que le conducteur doive vous larguer au diable vauvert. Alors qu’égoïstement, il comptait plutôt s’arrêter au prochain rond-point. Une grande majorité d’automobilistes, rappelons-le, ne prend la route que pour des trajets ridiculement courts.
Dès lors, pourquoi vous embarrasser d’un véhicule personnel, avec tous les inconvénients que cela suppose (entretien, garagiste, contrôle technique, garagiste, assurance, garagiste, faire le plein, l’amener au garage) alors que vous pourriez profiter de celui des autres gratuitement ?
En sus, rien de tel pour faire connaissance, puisqu’il est établi que votre hôte est du quartier. S’il passait jusque-là le plus clair de son temps à injurier les khônnards de devant, votre présence contribue à faire remonter le taux de courtoisie au volant.
Encore faut-il définir une longueur de trajet au poil. C’est là que ça se gâte.
Or donc, quelle attitude adopter ?
Réagissez en auto-stoppeur civilisé.
Plusieurs options s’offrent à vous :
♦ Soyons francs, en dessous d’1 m, ça ne vaut pas le coup. Optez pour une distance supérieure ou égale à la longueur de la voiture.
♦ 80 m relèverait tout autant du foutage de gueule. Songez qu’on fait déjà l’effort de s’arrêter à votre hauteur, en prenant parfois des risques. Tablez sur 100 m, quitte à revenir sur vos pas.
♦ Ce qui précède n’est bien sûr valable qu’en cas de météo clémente. N’hésitez pas à monter à 110 en cas de pluie. Exigez surtout du conducteur qu’il recouvre la flaque au pied de votre portière de son gilet fluo pour vous permettre de descendre à pied sec. Après tout, c’est vous le client.
♦ Jouez la compassion, afin de vous faire embarquer tout de suite et déposer le plus loin possible. Si vous simulez une entorse à la cheville, veillez toutefois à tenir votre rôle jusqu’au bout. Recommencez à gambader hors du champ de vision du chauffeur. Sans quoi vous risquez de vous faire déboîter pour de bon.
Flegme et dignité, montrez de quel bois vous vous chauffez.