Dans notre série expressions pas naturelles qu’on entend 900 fois par jour : « tirer la sonnette d’alarme ». Si rien ne vous choque, c’est qu’il est grand temps de la tirer, en effet.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Qu’est-ce qu’une sonnette ?
Petit instrument métallique (clochette) qui sonne pour avertir.
Tirer un engin pareil, on demande à voir. Même la grosse cloche qui indique le dernier tour se fait ding-ding-ding agiter le battant, ce qui est très différent de tirer, restez polis.
Premier problème : on ne peut que la faire sonner, cette sonnette. Mieux vaut donc chercher un autre verbe, sous peine de se faire emprisonner en prison pour pléonasme.
Qu’est-ce qu’une sonnette dernier cri ?
Timbre, sonnerie électrique ; objet qui sert à déclencher la sonnerie.
Typiquement la sonnette d’alarme qui nous occupe.
Sauf que devant la porte, vous qui tenez à votre articulation interphalangienne proximale comme à la prunelle de vos yeux, au lieu de toquer (parce que toquer sur une sonnette, faut déjà être khôn), votre seul réflexe est d’appuyer. Longtemps et/ou de manière répétée, faut déjà être khôn puisque manifestement, y’a personne.
Bref, vos coups de sonnette en font foi, vous êtes bel et bien en train de pousser. Tout le contraire de tirer.
Rendons-nous à l’évidence, « tirer la sonnette d’alarme » ne ressemble à aucun geste répertorié.
Depuis le début, on confond avec « tirer le signal d’alarme », qui se pratique encore dans le train, au grand dam de la Seuneuceufeu.
A moins que ce ne soit pour nous venger du peu d’opportunités que la vie nous offre de « tirer la chevillette ». On ne parle même pas de « bobinette », encore moins de conjuguer choir au futur.
D’autre part, il n’est pas rare que d’aucuns nous tirent par la manche pour nous inciter à venir voir.
Que les lanceurs d’alerte se contentent de « lancer l’alerte », ça ira bien.
Merci de votre attention.