Almanach

 

Encore un mot comme on n’en fait plus et dont on se demande d’où il a surgi. Eluder le ch final ajoute encore au mystère. Succinct, exact, almanach… ne vous perturbé-ce point que ce soit toujours les consonnes qui restent muettes ? Et pourquoi pas « manar », d’abord ?

Mais revenons à nos moutons, moutons.

La prononciation d’almanach fait l’objet d’une longue marave d’experts. Lesquels, en 1768, préconisent al-ma-na. Vingt ans plus tard, « on fait sentir faiblement le c quand ce mot est au singulier et seul, non quand il est accompagné d’un autre mot ». Littré louvoie entre al-ma-na et « la prononciation soutenue » où « le ch se lie comme un k : un al-ma-na-k intéressant. » Liaison toujours valable en 1932 lorsqu’elle débouche sur une voyelle.

Si ce ch nous laisse perplexe, c’est sans doute qu’il n’est pas très französisch. Teuton alors ? Ach nein.

Comme on aurait dû s’en douter, almanach se décompose en al-manach. Ce qui rappelle à tout zétymologue digne de ce nom alcool, alchimie et tous les mots arabes formés sur l’article al. En l’espèce, al manakh n’est autre que « le calendrier » ou « le climat ». Un recyclage du syriaque l-manhaï, « l’an prochain ». On laisse à penser la faille spatio-temporelle dans laquelle nous plongent les almanachs de l’an dernier.

 

La fonction de l’almanach est donc de nous projeter dans l’avenir. Au XVIe siècle, « faire des almanachs » revenait carrément à « faire des prédictions ». Aujourd’hui, il s’agirait plutôt d’un

livre populaire publié chaque année et comprenant, outre un calendrier, des renseignements astronomiques, météorologiques, scientifiques, pratiques, etc.

Compris dans ce etc., les fameux bons mots, notamment ceux de l’almanach Vermot.
Ne citons que…
Euh…
Non, ne citons rien.

Merci de votre attention.

 

Les despotes sont nos potes

 

Guettez bien. Chaque fois que l’ONU fait les gros yeux à tel ou tel tyran du Moyen-Orient mettant son pays à feu et à sang, on se met illico à l’appeler par son petit nom : qui Bachar, qui Saddam

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Certes, trois fois certes, les types en question sont de gros affreux qui méritent qu’on se réfère à eux comme au mal absolu. Personnages inhumains pour tout dire, que la disparition du patronyme met à distance respectable de nous. Et identifiables d’emblée dans le grand scénar de l’actu. Mais quoi, c’est un peu comme si on les appelait Gargamel, non ?
« On », c’est les journaleux, vous aurez reconnu. Mais pas que.

En scrutant les autochtones au faîte de l’oppression, hurler leur rage face aux caméras zoccidentales, on parvient, sous la traduction, à discerner cette troublante familiarité en VO. Viendrait-ce pas d’une particularité géographique ?
Pas de vouvoiement dans cette région du monde, en effet. Ça n’explique pas bézef le caractère facultatif du nom de famille. Encore moins pourquoi nous reprenons la chose à notre compte de ce côté de la Méditerranée et jusque dans le discours de l’administration Barack ou George Deubeuliou auparavant.

Et Charlemagne ? Et Napoléon ? Quid d’Elizabeth ? On peut parler, nous, avec nos monarques ! Méchants (Ivan le Terrible), gentils (Louis XV le Bien-Aimé), tous à la même enseigne : la gloire tient dans le prénom, puisque le pouvoir est de droit divin.
Justement, l’est un peu derrière nous, ce temps-là. En quel honneur mettrait-on sur un piédestal des « guides » qui ont le « suprême » d’une pintade ratatinée, vu le joug subi par ceux d’en dessous ?

D’ailleurs, ç’a commencé quand, cette histoire ? Pas du temps d’Arafat, en tout cas. On n’a pas souvenir que le moindre envoyé spécial lui ait donné du Yasser et pourtant le drôle faisait bougrement partie des meubles. D’ailleurs, nombre d’entre vous ont longtemps cru que son véritable blase, au Yassé, était Rarafat (je le sais).
babar

Allez, vivement l’Eté arabe, qu’on oublie jusqu’au prénom de ces encombrants.

Merci de votre attention.