Les arobases anonymes

 

Moyen de mesure infaillible de la subtilité de nos contemporains : le libellé de leur adresse mail. On sait précisément à qui on a affaire dans tous les cas. Etat civil tout attaché ou discrètement ponctué, au choix. Ou dès que ça se gâte, hésitation entre le « tiret du 6 » (-) et son homologue « du 8 » (_). Que certains, au faîte du m’as-tu-vu, croient bon d’épeler « underscore ».

Mais revenons à nos moutons, moutons.

A côté de sa consœur postale, l’adresse électronique apparaît souvent bidon au possible. Comme si celle-ci permettait de se « venger » de celle-là via le choix d’un pseudonyme, dont la transparence le dispute à l’originalité.
Exemple :

sbkeke80@truc.fr.

Noter la présence systématique d’un chiffre qui signale soit l’année de naissance du propriétaire, soit, davantage gratiné, son département chéri. D’aucuns poussent le vice jusqu’à indiquer une date de naissance complète, message à peine subliminal de juvénilité adressé aux épistoliers potentiels.

D’autres prendront un malin plaisir à mettre au point une combinaison de lettres et de chiffres dont eux seuls ont la clé. Elle a toutes les chances d’être retenue par le destinataire :

m-b1zaz92.balou@chose.com.

Tenez pas plus que ça à ce qu’on vous écrive ? C’est dans la poche.

Mais les plus coriaces ne s’arrêtent pas en si bon chemin, parvenant même à ce que le nom de l’opérateur nous échappe. Au point qu’on s’interroge sur son authenticité :

jm_big.rdozu4x@kestata.net.

S’ils pouvaient trafiquer l’arobase, y’en a qui se rueraient.

 

Faut pas exagérer, tout le monde n’a pas un blase si commun qu’il faille le crypter pour se donner un genre, si ?

A l’instar du blaireau qui ne roule d’un point a à un point b qu’avec toutes les options, celui qui customise sa messagerie en code codé le fait pour des nèfles puisqu’il ne génère que des erreurs de routeur.
Ou des regrets du temps d’avant la Toile, c’est dire.

Merci de votre @ttention.