Comment tourner un lapsus à votre avantage ?

 

Que vous soyez puissant ou misérable, votre langue fourchera avec une régularité helvétique. Z’aurez beau jurer à la cantonade que ce n’est pas ce que vous vouliez dire, tout le monde saura au contraire précisément ce que vous vouliez dire.

Le lapsus est révélateur, depuis l’oncle Sigmund. Pléonasme que n’aurait pas renié La Palice.

 

Certes, dans le cadre privé, « casse ton bac d’abord » et autres « passe-moi l’ciel » prêtent plus à sourire qu’à conséquence. Mais face à l’auguste assemblée buvant vos paroles, évitez de conclure votre envolée d’un « vive la Flance » qui réduirait à néant tous vos efforts de persuasion.

 

Puisque vous n’êtes que le jouet de votre inconscient (porte bien son nom, çiloui-là), autant l’assumer à fond et vous décharger de toutes les saloperies qui vous passent par la tête sur l’air du c’est-pas-moi-c’est-lui.

 

Or donc, quelle attitude adopter ?
Réagissez en ex-faux-derche civilisé.
Plusieurs options s’offrent à vous :

 

♦  Au moment de prendre congé d’un boulet, faites-lui sentir dans un grand sourire que « à bien tard » est une formule sans équivoque.

 

♦  Lorsqu’on soumet une nuisance sonore à votre sagacité de mélomane éclairé, au lieu de partir d’un paradoxal « non c’est pas mal », écoutez votre conscience : « oui saagace bien ».

 

♦  Au terme d’âpres négociations, félicitez-vous de l’accord « gagnant-perdant » venant d’être trouvé. On louera votre franchise. 

♦  Le jour où, recevant votre homologue dictateur, on vous presse d’évoquer les droits de l’homme entre la poire et le fromage, rappelez-lui que « là où y’a d’la gégène y’a pas de plaisir ». Vous lui aurez dit son fait sans en avoir l’air.

 

♦  Si vous ne pouvez tempérer vos ardeurs en galante compagnie, le mot lapsus lui-même vous tirera de bien des situations embarrassantes.

 

Flegme et dignité, montrez de quel bois vous vous chauffez.

 

Comment réduire le hiatus entre rêve et réalité de manière drastique ?

 

En rêve, tout est simple. Vous couchez avec Marilyn Monroe, ou Brad Pitt (ou les deux). Vous passez d’empereur de Rome à brasseur de yogurt dans les Alpilles (où la marmotte met le chocolat dans le papier d’alu). De vieilles connaissances en croisent d’actuelles dans un joyeux foutoir spatio-temporel dont vous-même peinez rétrospectivement à démêler l’écheveau. Bref, ça va comme vous voulez. On peut même dire que ça rigole dru.

Mais au réveil, comme toute la psychanalyse se tue à vous l’expliquer à coups de Ça, de Surmoi et de Sais-Même-Plus-Quoi, vous vous heurtez au principe de réalité. Yeux clos, tout se déroule entre vous et vous. L’affaire se corse dès l’instant où vous quittez les bras de Morphée (ou de Marilyn ou de Brad ou les deux). Il vous faut alors tenir compte de tout ce qui n’est pas vous, cette réalité qui refuse bien souvent de se plier à vos désirs les plus tus.

Mais tout n’est pas rose dans le monde onirique. Pour un coït sous les latitudes hollywoodiennes (sans que vous ayez souvenance de l’aller-retour, ni de l’approche), combien de visions cauchemardesques de Michael Jackson vous attaquant avec un pistolet qui tire des billes jaunes ? De Stromae répétant son cletaspec dans vos écoutilles ?

Votre inconscient n’en fait qu’à sa tête. Mettez-le au pas.

 

Or donc, quelle attitude adopter ?
Réagissez en pionceur civilisé.
Plusieurs options s’offrent à vous :

 

♦  Le genre humain est prêt à tout pour se rendre utile et/ou intéressant. Convainquez autrui – moyennant finances s’il le faut – de se mettre à votre place, d’entrer dans vos savates (ou sandales suivant le rêve), de devenir vous en somme. Quand ceux à qui vous vous serez ouvert auront pigé très précisément de quoi il retourne, vous pourrez continuer à l’état de veille vos petits schmilblicks nocturnes sans que quiconque y trouve à redire.

 

♦  De suite après vos ébats virtuels, n’oubliez pas de filer rencart à Marilyn dans la vraie vie d’un

See you later, alligator

(vous aviez toujours rêvé de dire ça). Pour cause de décès, celle-ci vous posera probablement un lapin. Puisqu’on ne peut pas faire confiance aux filles, rabattez-vous sur Brad.

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♦  Pour ne plus jamais subir la cruelle désillusion du réveil, jouez-la Belle au bois dormant et écrasez tout votre soûl. A moins d’un prince ou d’une princesse charmant(e) de passage, ne laissez personne interrompre ce sommeil sacré (mais veillez à ce qu’il ou elle prenne ses précautions au moment de surplomber votre haleine centenaire).

 

♦  Prévoyez un gilet pare-billes en cas d’agression réelle du Maïkhôle (ou, pour cause de décès, d’un de ses affidés).
Encore plus souhaitable : le port d’un gilet pare-Belges. On n’est jamais trop prudent.

 

Flegme et dignité, montrez de quel bois vous vous chauffez.