Quasiment, environ, à peu près, pratiquement : voilà presque tous les synonymes de presque. Le côté docte du premier, flou du suivant et le mimétisme phonétique des deux restants nous font préférer l’original pour la conversation courante. C’est comme ça, c’est le destin.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Au chaud dans nos dicos depuis 1694, l’adverbe a su attendre son heure.
Au début du XIIe siècle, « a bien pres » le préfigure. Suivi de près par « près ne », comme dans l’exemple sentant le vécu :
tant l’ai sachié, près n’ai le cuer crevé.
« Bien » s’invite toujours vers 1165 dans la locution « bien pres que », devenant en l’espace de quelques piges « pres que », comme dans l’exemple sentant le PQ :
pres qu’il ne chiet de sor la planche.
L’accent grave de près, quand on y zieute de près, n’y était point, à l’époque. Par conséquent, presque y était presque, apparaissant d’un seul tenant dès 1393.
Autrement résumé par le Robert, presque est une simple
soudure de la locution ancienne « près que ».
Mais mais mais, c’est le même coup qu’avec puisque !
Et que dire de parce que ?
Puisque presque = « près que », l’on ne vous fera pas l’injure de vivisectionner près puis que, sinon y’en a pour des plombes.
Parce que c’est vous alors.
Près est le sosie de son homologue latin presse, issu de pressus, « pressé, serré » (l’idée de promiscuité jouxtant celle de proximité).
Quant à que, on peut dire que nous autres ne nous sommes pas escagassés outre mesure en fusionnant dans cet épatant petit pronom les quia, quem, quam, quae, qua et autres quid du même latin.
A noter que l’élision du e à la fin de presque n’a cours que dans presqu’île, cette « pas tout à fait île » qu’une langue de terre rattache au continent.
A noter que le mot du jour remplace la locution « pas tout à fait » plus qu’avantageusement.
Merci de votre attention.