Quésaco ?

 

On peut dire que vous ne serez pas venus pour rien, aujourd’hui. Une fois pour toutes, comment ça s’écrit, ce machin-là ?

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Moins pédant que

quid ?,

quésaco surplombe

qu’est-ce que c’est ?,
qu’est-ce qui se passe ?

et

qu’est-ce à dire ?

d’une bonne tête, tout en tenant un peu de tout ça à la fois. Quésaco est donc une contradiction ambulante : très pratique mais nous fout dedans.

Si les conjectures vont bon train sur son orthographe, elles sont liées à son origine indéfinissable. Nous écorchons quésaco parce qu’il est trop apatride pour être honnête. Ronce en revanche est bien français, qui nous écorche unilatéralement.

 

Quésaco varie selon les époques, les dictionnairiens et, avouons-le, les humeurs : qu’es-aco, qu’es-aquo, quèsaco, qu’ès aquo, qu’es aco, ques aco, quèsaco, quès aco ou qu’ès aco. Diantre, on n’est pas sorti du sable.

Surtout qu’on peut aussi le croiser fin XVIIIe dans la garde-robe, accoutré en substantif masculin :

Bonnet à la qu’es-aco (Littré).

 

De nos jours, certains ne jurent que par kézaco, sans doute sous l’influence d’une marque d’eau minérale. C’est qu’ils oublient de boire à l’étymo, seule source qui vaille. Se privant de cette découverte éblouissante : la locution interrogative naît en Provence, avant de monter à Paris dans les années 1730.
Dépiautée : que (= que, jusque-là, ça va), es (= est) et aco (« ceci »), descendant de hoc, pronom latin qu’on retrouve intact au sein de la locution ad hoc (littéralement « pour cela »).

C’est pour ça !

Merci de votre attention.

 

Conciliabule

 

Encore une merveille latine que ce concile miniature, généralement en petit comité, à l’écart des zoreilles indiscrètes, en vue de fomenter une quelconque riposte ou tactique. En gros, un moment où les idées fusent entre personnes de confiance et ça c’est quand même drôlement chouette.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Chez les ecclésiastiques, conciliabule désigne à l’origine une « réunion de prélats » pas catholiques. Donc, pas en odeur de sainteté :

Ce n’était pas un concile, c’était un conciliabule.

Les premiers chrétiens, pas fous, se gardèrent concilium pour eux et optèrent (en concile ?) pour qu’un « concile de schismatiques » fût appelé conciliabulum. Voyez le dédain.

Plus tard, les hommes des montagnes sacrées découvrirent une eau si pure qu’ils décidèrent de la mettre en bouteille et qué s’appellerio Quézac mais il se pourrait qu’on s’égare.

 

Un conciliabule, donc, n’est autre qu’une charmante « petite assemblée ». Au milieu de laquelle, une fois enlevés tous oripeaux tels que préfixes, suffixes et autres futilités, on repère le verbe ciere (« mouvoir »), à peine adapté de l’indo-européen kei- que les amateurs de kinématographe connaissent bien.

Il suffisait d’y ajouter con- pour obtenir conciere : « assembler, réunir, soulever une foule ».
Car ainsi que l’avait pigé Brassens :

Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on
Est plus de quatre, on est une bande de cons.

Une « réunion » devenant concilium, ne manquait plus que –bulum pour le côté mignon, comme dans vestibule ou tintinnabuler.
Attention, « papier à bulles » n’entre pas dans cette catégorie car il ne constitue en aucun cas une variété de « petit papier », ni même de « papier » à proprement parler. Que la langue est cocasse hein hein.

 

Enfin d’aucuns, jamais à la traîne question fainéantise, y vont de leur conciliabuler, signifiant d’après eux « tenir conciliabule ».
Rions-leur au nez, à ces schismatiques.

Merci de votre attention.