Voyez comme la nature est bien faite : vite est un mot qui lui-même va vite. S’il se disait « non rapidement », on ne serait jamais rendu.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
La meilleure preuve, c’est que l’adverbe vitement n’a que rarement nos faveurs : tout doit aller vite. Au point qu’on se précipite au fast-food (par exemple au Quick) – au risque d’une file d’attente interminable.
Oh mais jusque début XVIIIe, on n’avait que viste à la bouche, figurez-vous. Bientôt commué en vîte. Ce n’est qu’en 1798 qu’on enterre définitivement ce circonflexe qui nous ralentissait.
Vite naît adjectif dans les eaux de 1150 :
des chevaux vistes.
Notez que, devenu interjection, vite prend un tout autre sens :
des chevaux, vite !
On n’a même pas eu le temps de repérer d’où il venait : d’une onomatopée vist- exprimant un mouvement rapide ? Ou du latin populaire visitus ? Celui « qui y voit bien » accomplit en effet ses gestes en peu de temps. On peut alors affirmer sans exagérer qu’il est avisé, descendu en ligne droite du verbe latin visere, intensif de videre, « voir » toujours (→ vidéo). Si ce visitus vous rend visite, pas de panique : il est par définition amené à vous « voir souvent ».
Voilà qui est vite torché vu.
Merci de votre attention.