Jucher les gens sur un piédestal peut s’avérer dangereux. Et s’ils en dégringolent ? On réalise alors que c’était le piédestal qu’on admirait.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
C’est vrai ça : qu’est-ce qu’un piédestal sinon un pied qui supporte quelque chose ? L’affaire sent la locution nominale gélifiée à plein nez.
Précisément. Pedestal, piedestal et pied destal font leur entrée, à peine retouchés de l’italien piedestallo, dans la première moitié du XVIe siècle. On reconnaît illico piede (« pied ») et stallo (« support »).
C’est vrai ça : qu’est-ce qu’un piédestal sinon un pied qui supporte quelque chose ?
Prenons déjà notre pied. Depuis qu’on est en âge de batifoler en pay-jamah, on sait que le persan pay provient de la racine indo-européenne pods-. Tout comme pes, podis en latin, pada en sanskrit, fotus en teuton, foot en anglais et last but not least, nos propres pied et pas. Sans oublier les produits dérivés : pédestre, pédale, piège, expédier, bipède, podorythmie…
Stallo, lui, est d’origine germanique. Du bas francique même, où stal signifie « position », comme le préfigure l’indo-européen stel-, « mettre debout ». Autant dire que les Grecs n’ont pas été chercher bien loin stele (« pied de colonne ») et stellein (« mettre en ordre, préparer »). Prenez pas cet air supérieur : d’où croyez-vous que nous tenions stèle et installer ?
Si bien qu’« installer sur un piédestal » ne culmine pas moins haut sur l’échelle du pléonasme que « se balancer en rocking-chair ».
Et étal ? C’est le même mot, né stallum en latin médiéval, devenu estal à la puberté. Quant aux étalons, pas étonnant qu’ils aient chacun leur stalle. As for stallions, no wonder they all have their stall. Libre à vous de le faire en chleu.
Quant à piédégal, il pourrait bien un jour – qui sait ? – danser sur un pied d’égalité avec piédestal.
Merci de votre attention.