Envoyé de

 

Si au bas d’un courriel figure la mention : « envoyé de mon [bidule] », pas besoin d’aller le crier sur les toits, le bidule s’en charge tout seul.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Que vous le vouliez ou non, un bidule aura toujours le dernier mot sur vous. On n’arrête pas l’autosatisfaction le progrès.

Pour quelle valeur ajoutée ? Aucune. Le courriel aurait été strictement identique « envoyé de » n’importe quel autre bidule.

L’info doit pourtant revêtir une importance quelconque. Mais pour qui ? Pas pour l’expéditeur, forcément au courant. Le destinataire alors ? Et que peut bien lui chaloir de connaître le modèle du joujou à l’autre bout ?

En d’autres temps, quand votre correspondant appelait d’une cabine, lui serait-il venu à l’idée de préciser laquelle ? La référence du stylo, le nom du pigeon voyageur, lorsqu’il vous écrivait ?

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Gluante comme le plus gluant des mopsrolls*, la pub s’insinue décidément partout : au dos des tickets de caisse, de ciné, en surimpression sur la pelouse des stades, avant et après un programme télé, y compris à l’heure où elle est censée faire dodo… Guettez guettez : un, deux voire trois sponsors violent systématiquement le couvre-feu. Souvent sans rapport aucun avec la choucroute ni même avec une marque :

avec le film [Truc-muche].

Sans doute parce que le chef-d’œuvre en question comporte du placement de produit et renvoie l’ascenseur bien gentiment au susnommé. Dans le genre mopsroll qui se mord la queue, hein.

 

« Envoyé de » est aussi là pour faire croire que le message importe moins que son point de départ. Numérique, s’entend. Parce que géographiquement, les bidules nous suivent partout.
Jusque dans notre signature.

Merci de votre attention.

 

* c’est comme une pub, en moins visqueux.

A quoi reconnaître le monstre du loch Ness ?

 

Dans les pantoufles de l’imaginaire, voilà une légende confortablement installée. Comme vous sur votre frêle esquif, parcourant les eaux du loch Ness en quête de sensationnel.

Car pour l’instant, ce monstre est un serpent de mer : vous n’avez encore vu nada.
Oualou.
Pas la queue d’un.

Du reste, à quoi le reconnaîtriez-vous, vous qui seriez à peine capable de décrire un rollmops ?
D’après son profil en tôle ondulée, vous le croiseriez pour de bon qu’il ne ressemblerait en rien à sa photo, de près ou de loin. D’où quiproquo.

 

Comme vous ne pouvez vous fier qu’à des racontars de buveurs de whisky dont les versions – de seconde main – divergent, vous ne savez guère à quoi vous en tenir. Incertitude à laquelle il est grand temps de remédier, car il caille et l’humidité gagne.

 

Or donc, quelle attitude adopter ?
Réagissez en guetteur civilisé.
Plusieurs options s’offrent à vous :

 

♦  Les monstres, on fait toujours comme s’il n’y en avait qu’un par espèce. Le dernier représentant, en l’occurrence. Dans ce cas, il fut un temps où le loch devait grouiller d’une faune ovovivipare, ce que ne corrobore aucun témoignage, malté ou non. Conclusion : non seulement le monstre est grégaire mais le troupeau reste discret. Si bien qu’une tête qui dépasse, vous ne pouvez pas la louper.

 

♦  Les monstres, on fait toujours comme s’ils étaient incréés. Or, il a bien fallu qu’une monstresse mette bas, aidée par papa monstre du loch Ness. L’âne et le bœuf du loch Ness n’auraient pas manqué de compléter le tableau. Ç’aurait eu de la gueule si les monstres faisaient pleurer dans les chaumières. En voilà un signe de reconnaissance, tiens.

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♦  Les monstres, on fait toujours comme s’ils étaient de quelque part : la bête du Gévaudan, l’hydre de Lerne, l’andouille de Vire… Or rien ne dit que celui-ci soit sédentaire (contrairement aux curieux dans votre genre). Vu l’hygrométrie, il y a même de fortes chances qu’il se soit carapaté au Tanganyika.

 

♦  Les monstres, on fait toujours comme s’ils étaient éternels. On aurait affaire au même depuis des siècles ? Et sans qu’il se montre ? Allons allons. La peau dure a des limites, votre patience itou.
Pauvre pêcheur, ne l’attendez plus, votre Nessie : il est clamsé depuis longtemps – si tant est qu’il ait jamais existé.

 

Flegme et dignité, montrez de quel bois vous vous chauffez.