Si vous avez « j’avoue » à la bouche, c’est que vous totalisez moins d’un quart de siècle au compteur. Ce qui ne doit pas vous empêcher de piger que ce « c’est vrai » nouvelle formule (ou « c’est clair », pour rester dans les joyeusetés générationnelles) n’est qu’une allégeance molle au dernier qui a parlé.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Imaginons qu’en réponse au « J’accuse » de Zola, Esterhazy et consorts se soient fendus d’un « J’avoue » tout aussi assumé. On est loin du petit jet de pipi qui nous occupe.
« J’avoue » supplanterait ainsi ses glorieux prédécesseurs, au nombre desquels « faut admettre », « faut reconnaître » et bien sûr « faut avouer ». Ça reste à prouver. Car la différence est criante : là où « faut avouer » abonde en toute objectivité dans le sens de l’interlocuteur, « j’avoue » n’utilise la 1e personne que pour faire genre. On ne s’y implique pas le moins du monde.
A moins que le mecton lambda ne délaisse « j’en conviens » par manque de vocabulaire ? On ne peut pas le croire.
En réalité, c’est justement cette non-implication qui explique le succès de « j’avoue ». Quel plaisir d’avouer sans avoir à passer à table ! Quel pied-de-nez à ceux qui vous tirent les vers du nez à longueur de temps ! Lâcher « j’avoue » sans rien avouer, c’est une rébellion déguisée.
Et ça permet de ne pas trop donner son avis, non plus. « Faut avouer », encore, était suivi d’une proposition introduite par que, pour étoffer le propos. Faut avouer que ç’avait de la gueule. Comble de la formule creuse, « j’avoue », lui, sèche lamentablement. Si c’est pas un aveu de faiblesse lexicale, ça.
Heureusement que faute avouée est à moitié pardonnée.
Merci de votre attention.